J’ai eu la chance de m’entretenir quelques minutes avec Viktor Kalvachev, le co-créateur de la série Blue Estate (publiée en France par Ankama en 3 volumes).
Bonjour Viktor. Pour commencer, pouvez vous me parler un peu de votre actualité ?
La première saison de Blue Estate est terminée. On est plutôt heureux du résultat. Nous avons commencé l’écriture de la saison 2 mais actuellement je suis très occupé par un projet de jeu vidéo.
Un jeu video ?
Oui, mais je ne peux pas trop en parler pour le moment. Mais je suis très excité par ce projet.
Vous vous occupez du design artistique du jeu ?
Je suis le directeur créatif et artistique et je travaille donc sur un peu tous les aspects du jeu. Je suis impliqué dans un peu toutes les étapes en fait.
On ne peut pas trop en parler mais c’est prévu pour quel type de plateforme ? PC, Console ?
Xbox and Ps3. Mais par contre on peut parler de mon nouveau livre : Female of the Species. C’est une célébration de mon affection pour différents styles graphiques et pour les formes féminines. Chaque page du livre est ainsi très différente. C’est sa particularité.
Il y a d’ailleurs une exposition à Paris qui présente vos œuvres dont certaines sont dans le livre.
Oui, à la galerie Arludik. Le vernissage s’est d’ailleurs très bien passé.
Exposition Viktor Kalvachev, , jusqu’au 11 novembre 2012, Galerie Arludik (12-14 Rue Saint-Louis de l’Île 75004 Paris). Site d’Arludik
C’est la première fois que votre travail est présenté dans une galerie d’art ?
Oui. En fait, ma dernière exposition solo c’était quand j’avais 6 ans (rire). Ce qui me plaît avec cette exposition c’est que le gens me connaissent surtout comme un artiste digital. Et là il y a à peu près une trentaine d’œuvres réalisées sur papier. Vous pouvez ainsi enfin découvrir mes travaux sur papier.
Oui j’ai eu l’occasion de voir certains de vos dessins sur votre blog et dans votre livre. Il est en effet impressionnant de voir avec quelle facilité vous arrivez à passer du dessin réaliste à un dessin plus cartoon voire même à la caricature. En parlant du coté « réaliste » je l’ai particulièrement apprécié dans vos couvertures de « Men Of War » pour DC Comics.
Ravi que ce travail vous ait plu.
Je n’ai pas trop aimé le comics mais les covers étaient tops (rire). A propos de Blue Estate, on retrouve une ambiance très cinématographique. Mais je trouve aussi qu’il y a un coté très « série tv » dans le rythme. La construction en saison par exemple. Est ce que le monde des séries TV vous inspire dans votre processus créatif ?
Oui, une de mes séries préférée est Dexter par exemple. J’aime et je déteste cette série pour la façon dont chaque épisode se termine avec un suspens insoutenable avec cette envie de vite découvrir la suite. Dans Blue Estate j’ai essayé de reproduire cette formule en terminant chaque épisode avec un cliffhanger, pour que les fans se demandent : mais que va t’il se passer ensuite ?
Je ne regarde pas beaucoup la TV car je n’ai pas beaucoup de temps donc je suis très sélectif. J’aime les séries criminelles, réalistes. Je ne regarde pas beaucoup de Science Fiction ou de séries type comic book et super héroïque. Parmi mes films préférés, il y a aussi le film Payback avec Mel Gibson. Il y a dans ce film une ambiance noire, mais aussi très drôle. J’aime quand les choses sont simple à la surface. Par exemple, vous ne me verrez pas dessiner un livre sur des patients atteints du cancer le tout dans une ambiance très triste. J’aime m’amuser.
Blue Estate est pour moi une histoire idéale pour une adaptation à la télé. Avez vous été contacté par une chaîne de TV dans ce sens ?
Oui. Mais je ne devrais pas en parler car il n’y a rien de concret pour le moment. Mais il y a eu un grand intérêt dans ce sens pour Blue Estate.
Dans Blue Estate on retrouve de nombreux artistes venant de différents horizons, dont des artistes français. Comment se passe justement la sélection de ces dessinateurs qui vont travailler avec vous sur ce comics ?
La première chose c’est que je dois être un fan des artistes en question. Il faut que j’aime leur style. D’ailleurs pour la plupart il s’agit en fait d’amis. Il faut aussi que le style soit complémentaire avec l’histoire que je souhaite raconter. En fonction de leur style je les choisi pour travailler sur des parties précises de l’histoire. Par exemple, Tomm Coker est parfait pour les parties plus sombres et plus violentes, comme une scène de meurtre qui tourne très mal. Mais quand Roy Jr arrive, l’ambiance devient plus lumineuse et plus drôle et dans ces moments là c’est Toby Cypress qui rentre en scène. Avant ça, par exemple, avant la scène du meurtre, si il y a un moment un peu grotesque, là, c’est moi qui dessine ça dans un autre style.
C’est donc un vrai travail d’équipe.
Ce n’est pas une très grosse équipe et à vrai dire j’ai réfléchi à la direction artistique des 12 épisodes avant même que l’on ne commence les dessins. Je sais donc exactement comment vont se passer les transitions entre dessinateurs. Ce n’est pas comme un concert de Jazz ou chacun fait un peu comme il veut (rire). Il y a vraiment beaucoup de préparation avant de passer à la table à dessin.
Vous avez travailler avec DC Comics, pour des couvertures surtout. Avez vous d’autres projets avec eux ?
Ils voulaient que je continue un de leur projet mais j’ai du décliner l’offre pour me concentrer sur ce que je fais en ce moment.
A propos de la France, avez vous une petite anecdote ?
J’ai emménagé à Paris. Je vis ici maintenant. Mais mon français est très mauvais. Et la compagnie avec laquelle je travaille est ici. C’est d’ailleurs la raison de mon déménagement. Et j’adore cette ville. Et j’aime aussi beaucoup les Français. On dit souvent que les Français sont « malpolis » … mais c’est faux ! En 6 mois passé ici, je n’ai rencontré qu’un seul chauffeur de Taxi malpoli (rire).
Pour l’anecdote, lors du tirage au sort pour les dédicaces, j’ai gagné une dédicace de Viktor. Je lui ai demandé de me dessiner une Supergirl. Il n’était pas familier du personnage et ne semblait pas très fan des comics super-héroïques. Mais après une petite description, Viktor m’a dessiné une superbe Kara Zor-El avec un style vraiment inimitable. Quel talent !
Je ne connais pas du tout le bonhomme mais il a l’air sympathique et son travail a l’air varié et de qualité.
Dommage que blue estate ne me tente pas.