Crédits :
Scénario : Julie Maroh
Dessins : Julie Maroh
Editeur : Glénat
Format : Franco-Belge
La BD : Avant toute chose, je tiens à dire que cet article ne reflète que mon avis et n’engage en rien l’avis des autres membres du site. Ceci étant dit, rassurez vous, je ne suis (et nous ne sommes pas non plus) des fachos arriérés ^^. Pour en revenir à ce livre : ce n’est pas une BD que j’aurai acheté, le thème ne m’attire pas plus que ça et je me méfie toujours des livres plébiscités par la presse et qui reçoivent des prix, mais la, je suis tombé dessus à la bibliothèque municipale et je me suis dit “pourquoi pas ?”. Grand bien m’en a pris !
Scénario : L’histoire est simple : à la mort de sa compagne Clémentine, Emma se rend chez les parents de la défunte et à sa demande, elle reçoit les journaux intimes de celle-ci. S’en suit alors une série de flashs-backs sur la découverte de son homosexualité. On plonge ici vraiment dans les tourments d’une jeune ado à la fin du XX° siècle, à l’heure ou l’homosexualité n’était pas si acceptée que maintenant. Car oui, maintenant, on “tolère” l’homosexualité même si certains “bon français” continuent de les considérer comme différents de nous, gentils hétéros…
On passe ici par toutes les étapes de l’acceptation d’un statut différent de la norme établie : tout d’abord le refus. Même si Clémentine “flashe” sur les filles (et sur une en particulier), elle se force à aller vers les garçons, pour être comme tout le monde. Mais dans ses rêves, qu’elle essaye désespérément de refouler, c’est bien la jolie fille aux cheveux bleus aperçue fugacement une seule fois qui vient la hanter. Puis vient l’amitié avec un homosexuel, qui l’emmène en virée dans les boîtes gays “juste pour déconner”, le premier baiser avec sa meilleur amie “juste comme ça”, puis la découverte par ses amies et le rejet… Et enfin, l’amour, celui avec un grand A, avec Emma, cette magnifique femme plus âgée qu’elle et malheureusement en couple. Mais voila, l’amour est plus fort que tout.
On est ici devant une réelle histoire d’amour. Compliquée, passionnée, mais belle. Ça doit être mon côté “Girly” qui parle, mais j’ai trouvé cette histoire touchante.
Dessins : Julie Maroh fait tout dans ce roman graphique. De l’histoire aux dessins, elle assure à chaque moment. Le dessin est simple, sans fioritures, les couleurs sont très jolies, on est ici sur un style graphique clair et pastel avec juste le bleu qui ressort afin de souligner l’importance d’Emma, cette homosexuelle fantasmée par Clémentine qui va devenir une réalité.
On est très loin des comics, aussi bien par le trait de Julie Maroh que par les couleurs. C’est une véritable réussite dans la mesure ou on identifie systématiquement les personnages, on les différencie au premier coup d’œil. Pour cette jeune auteur (1985 !) du Nord de la France, c’est vraiment une claque visuelle.
Avis : Prix Jeune Auteur au Salon de la BD et des Arts Graphiques de Roubaix 2010, Prix Conseil Régional au festival de Blois 2010, Prix du public à Angoulème 2011, on peut dire que cette histoire n’a pas laissé indifférent. Adapté au cinéma cette année par Abdelatif Kechiche, avec Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos dans les rôles principaux sous le nom de “La Vie d’Adèle” (je ne reviendrai pas sur la polémique autour de ce film), je vous encourage vivement à lire cette superbe histoire, pleine de romantisme et qui explique un peu mieux comment les adolescent(e)s peuvent vivre leur homosexualité naissante, dans un pays ou c’est pas encore réellement la panacée pour eux…
Je suis tout à fait dans la même tendance sur cet album qui est loin d’être le plus réussi mais qui porte en lui quelque chose de fort et de sensé. Du coup, il va falloir ajouter une sous-note à côté de Scénario et Dessins. 🙂
J’ai feuilleté en librairie et graphiquement j’ai trouvé ça très beau, je vais suivre ton exemple et regarder si je ne le trouve pas à la médiathèque quand j’y passe, ton article m’a donné envie d’essayer !