Attention ! Si cet article ne contient pas un résumé détaillé ni même dans l’ordre des évènements de l’épisode, il en révèle une grande partie pour les besoins de la critique.
Résumé des 51 années précédentes : Doctor Who met en scène un Seigneur du Temps (ou Timelord en version originale) connu sous le nom du Docteur, un extra-terrestre de la planète Gallifrey voyagent dans le continuum espace-temps à l’aide du Tardis (un acronyme signifiant Time And Relative Dimension in Space/Temps A Relativité Dimensionnelle Inter Spatiale) pour combattre les pires menaces qui planent sur l’univers en général, et la Terre en particulier. Très attaché à la planète bleue, il y choisit régulièrement des compagnons de route qui le suivent dans ses pérégrinations cosmiques. Physiquement semblables aux humains, les Seigneurs du Temps n’en sont pas moins différents par bien des points, ayant notamment une longévité virtuellement éternelle, leur capacité de régénération leur permettant de renouveler leur corps en cas d’accident de parcours. Et c’est précisément sur la mort du Onzième Docteur (interprété par Matt Smith) que s’est achevé le dernier épisode en date, The Time of the Doctor. Si l’histoire se finissait par l’apparition de la nouvelle incarnation du Seigneur du Temps sous les yeux de son acolyte du moment, l’intrépide et charmante Clara Oswald (Jenna Coleman), c’est avec Deep Breath que le spectateur va apprendre à travers les yeux de la jeune femme à connaître ce Douzième Docteur incarné par Peter Capaldi.
Treize à la douzaine
Ça y est, on y est enfin, le Docteur revient pour une huitième saison après huit mois d’absence sur nos écrans ! Un temps d’attente trop long pour qui n’aurait pas un Tardis à sa disposition non pas seulement par manque d’aventure à travers le temps et l’espace, mais surtout pour l’impatience de découvrir Peter Capaldi dans le rôle-titre. Par le choix de cet acteur le showrunner Steven Moffat veut rompre avec le jeunisme des incarnations du Seigneur du Temps qui ne cessait de rajeunir à chaque régénération depuis son retour en 2005 (Matt Smith ayant d’ailleurs été le comédien le plus jeune ayant incarné le personnage) en revenant à une version plus âgée du Docteur comme aux premières années de la série. Du haut de ses 56 ans, Peter Capaldi a à présent la lourde tâche de camper un Douzième Docteur dont l’âge serait à présent de plus de 2000 ans. Malgré la découverte de l’incarnation « secrète » du War Doctor (purée de bâtonnets de poisson, mais John Hurt quoi ! Quelle claque fut cette découverte !), on garde donc la numérotation établie, histoire sans doute d’éviter les mots de tête que provoquerait une double-numérotation pour toutes les versions modernes du personnage.
Pour ce grand retour la BBC a de nouveau mis les petits plats dans les grands, comme lors du lancement des aventure du Onzième Docteur l’épisode a droit à un format rallongé, passant de quarante-cinq à soixante-seize minutes, mais également à une diffusion dans des salles de cinéma a Royaume-Uni et aux États-Unis ! Les spectateurs ayant la chance de voir Deep Breath sur grand écran se voient également gratifier d’un préquel de cinq minutes toujours inédit à ce jour à la télévision ainsi qu’un making-of de dix minutes pour conclure la séance. Enfin, l’épisode aura droit à une sortie en DVD et Blu-Ray dès le 9 septembre, mais il vaudrait mieux attendre le coffret de la saison entière où il sera présent également.
Depuis le tout premier épisode diffusé en 1963, les compagnons ont toujours servi de point de repère aux spectateurs qui pouvaient difficilement se reconnaître dans un Docteur que les scénaristes s’amusaient à rendre de plus en plus excentrique, voire insaisissable, d’année en année. Cet épisode ne déroge pas à la règle, l’histoire se dévoilant littéralement à travers les yeux d’une Clara présente dans la plupart des scènes. À contrario, le Docteur fraicheur régénéré est très peu présent dans la première moitié de l’histoire ; sa mort et résurrection l’ayant cette fois-ci affecté jusqu’à sa perception même des personnes qui l’entoure ou son utilisation du langage, il apparaît au spectateur comme incompréhensible, inaccessible, sa perte de repère affectant ainsi jusqu’au spectateur. Si l’effet est réussi, le nouveau Docteur n’est pas moins encore un étranger pour nous et l’histoire patauge un peu jusqu’à ce que Madame Vastra confronte Clara dans un excellent dialogue aux apparences vindicatives portant sur les apparences (un sujet sur lequel une femme reptile vivant parmi les humains a assurément beaucoup de choses à dire) dans un but qui s’avèrera finalement plus amical. Suite à un petit coup de pouce inopiné de destin (on y revient plus tard), la jeune femme retrouvera un Docteur retrouvant progressivement ses bonnes vieilles habitudes d’aventurier un peu briscard sur les bords dans le Londres victorien que les scénaristes se plait à ramener de saison en saison face à une menace inédite et pourtant dans la pure tradition des méchants whoviens.
Dans son ensemble l’épisode est très agréable à suivre, mais à mon sens patine un peu dans son premier tiers où le Docteur n’apparaît que très peu, l’histoire prenant son réel envol après la discussion entre Clara et Madame Vastra. L’enquêtrice silurienne est donc de retour avec sa compagne Jenny et le fidèle Commandant Strax, ce dernier étant très peu utilisé mais a droit à une excellente scène pleine d’humour avec Clara jouant très astucieusement sur le décalage entre le guerrier sontarien et le monde qui l’entoure. L’épisode s’ouvre sur l’apparition d’un dinosaure dans le Londres victorien lié de manière assez original au Tardis pour finalement ne pas en faire grand-chose si ce n’est le simple plaisir d’inclure une créature préhistorique dans le récit, d’autant qu’encore une fois Moffat utilise le voyage dans le temps de manière assez peu rigoureuse puisque ni le fait qu’un dinosaure ce soit baladé dans le Londres du XIXe siècle ni sa mort dans une époque autre que la sienne ne semblent avoir de répercussions sur le flux temporel. Entre ça et le grand méchant de la semaine qui déambule dans la foule avec un visage à moitié robotique façon Terminator sans que ça n’émeuve grand l’écriture n’apparaît malheureusement pas sans défaut, heureusement rattrapée par l’excellente fin de l’épisode.
Le générique en profite au passage pour faire un gros lifting tant visuellement qu’au niveau de la musique. Si la nouvelle séquence voit le Tardis voyager non plus uniquement entre les étoiles mais aussi à travers un ensemble de rouages et d’horloges assez bien rendus, la musique tranche encore d’avantage avec les précédentes réinterprétations du thème mythique de la série par Murray Gold. Après les deux versions aux résonnances « épiques » de l’ère Matt Smith, le compositeur livre ici une prestation peut-être plus proche de la version des origines, dégageant un sentiment d’étrangeté. Un indice sur l’orientation prise par la caractérisation du nouveau Docteur, renouant avec les premières incarnations du Seigneur du Temps mais également résolument plus perturbé et mystérieux que ses prédécesseurs directs ?
L’impossible n’est pas gallifreyen !
Comme ce Docteur tout neuf voulant renouer avec les anciennes incarnations, l’ensemble de l’intrigue, des dialogues et de la mise en scène crient leur amour au passé de la série, de l’allusion à la longue écharpe du Quatrième Docteur (déjà faite à l’arrivée du Dixième Docteur joué par David Tennant) au commentaire désobligeant sur la nouvelle décoration intérieure du Tardis (on y a encore eu droit récemment avec la réunion de trois Docteur dans Day of the Doctor (Le Jour du Docteur, épisode spécial des cinquante ans de la série)). Mais la liste des allusions ne s’arrêtent pas aux clins d’œil d’initiés pour le simple plaisir. Steven Moffat semble en effet accrocher les wagons de la trame narrative de cette saison avec les précédentes, et pas uniquement les trois dernières dont il a eu la charge en tant que showrunner.
On y retrouve tout d’abord à la mention dans une annonce d’un restaurant appelé The Impossible Girl, l’élément crucial de l’intrigue que j’évoquais plus haut qui reprend le surnom donné par le Docteur précédent à Clara. Le spectateur comme la jeune femme découvre à la fin de l’épisode que l’annonce n’a pas été placée dans le journal par le Docteur mais par une autre personne. Ce mystère fait écho à une autre énigme laissée en suspens jusque-là, celui de l’identité d’une femme donnant à Clara le numéro du Tardis dans l’épisode The Bells of Saint John (Enfermés dans la toile, S07E06). On tient peut-être là l’un des fils rouges de la saison, et encore une fois on y reviendra plus tard.
L’attachement de Moffat pour le terme « impossible », tellement approprié à Doctor Who qui ne cesse de repousser les barrières de ce terme à chaque nouvelle saison, est d’ailleurs de longue date puisque la sixième s’ouvrait sur un épisode titré The Impossible Astronaut (L’impossible Astronaute, S06E01), une figure énigmatique qui planera sur la saison jusqu’à son dénouement.
Dont blink breath
Les liens à la continuité peuvent aussi être poussés jusqu’à l’ère Russel T. Davis, sous qui Steven Moffat écrivit de nombreux épisodes qui furent généralement parmi les plus réussis, ceci expliquant sans doute comme le second a succédé au premier au poste très prisé de showrunner de la série. Une constante de ses récits se retrouvent dans l’utilisation d’ennemis déshumanisés, souvent artificiels tels les automates de The Girl in the Fireplace (La Cheminée des temps, S02E02) ou les hommes de neige dans The Snowmen (La Dame de glace, épisode spécial noël de 2012), ou tout du moins inorganiques comme les terribles Anges Pleureurs semblables à des statues de pierre. Qu’ils soient l’inanimés devenant animés ou faits de chairs comme le Silence ou les enfants aux masques de gaz du diptyque, Moffat fait toujours dans l’horreur, et cet épisode ne déroge pas à la règle. Ainsi, la menace est ici manifestée par des androïdes kidnappant les humains pour se servir de leurs peaux et organes comme pièce de rechange. Là où les choses deviennent vraiment intéressante, c’est que le scénariste lie cette bande de robots à ceux aperçus dans The Girl in the Fireplacedont le vaisseau était du même modèle que le leur, issus tout deux du LIe siècle, une période plusieurs fois évoquée d’ailleurs dans la série comme celle d’activité des Time Agents dont est issu Jack Harkness, introduit dans… je vous le donne en mille… un épisode écrit par Steven Moffat… qui revient à nouveau sur cette période dans le double-épisode Silence in the Library/Forest of the Dead.
Dans Deep Breath, Moffat renoue aussi avec son leitmotiv initié dans Blink (Les Anges pleureurs, S03E10). Pour échapper aux Anges Pleureurs qui ne peuvent se déplacer que si personne ne les regarde, se retrouver dans une pièce avec eux impliquant alors de toujours les regarder sans cligner des yeux (to blink) sous peine d’être attaqué. Cette idée du pouvoir du regard se retrouve un peu aussi avec le Silence, toute personne remarquant ces créatures les oubliant dès qu’ils sortaient du champ de vision. Ici c’est la respiration qui vient jouer un rôle similaire au regard dans Blink, les héros se retrouvant à devoir ne pas respirer (et donc de prendre une grande inspiration, ou deep breath en anglais) pour ne pas être remarqués par les automates qui les prenaient alors pour les leurs. Steven Moffat ne semble pas être prêt à laisser tomber les histoires de robots pour cette saison puisque les Cybermen devraient à nouveau venir chercher des noises au Docteur prochainement.
Docteur Follamour
Depuis le retour de la série Steven Moffat est aussi l’un des scénaristes qui a le plus développé la vie sentimentale du Docteur en le faisant flirter avec Madame de Pompadour dans The Girl in the Fireplace et surtout introduisant River Song dans la saison 4 avec qui le Seigneur du Temps aura une histoire d’amour mouvementée… et dans le désordre, voyages dans le temps obligent. Dans cet épisode le showrunner touche à cette thématique de deux façons.
Il clarifie tout d’abord la relation qui lie le Docteur à sa compagne de voyage du moment. Si une relation de complicité matinée de séduction définissait les rapports de Clara avec l’Onzième Docteur, le Douzième met ici les choses au clair de manière claire : non, il n’est pas son « boyfriend ». Steven Moffat va toutefois nuancer les choses par l’émouvante scène finale du coup de téléphone qu’il dit venir du petit copain de Clara. L’incarnation précédente du Docteur avait-il pour Clara des sentiments qui ont disparu dans sa régénération ? Ou veut-il juste lui faire comprendre que si elle en avait pour le Onzième il vaudrait mieux qu’elle ne les cultiver à présent ? Les spéculations semblent toutefois pointer dans un sens : si Matt Smith jouait un Docteur qui aimait séduire, celui de Peter Capaldi sera différent, sans doute plus proche de la figure paternelle incarnée par les Docteur « âgés » précédents. Clara est toutefois loin d’être présentée comme une simple jeune fille innocente attendant le grand amour, le détour d’une phrase de Strax voyant dans son esprit des « jeunes hommes nus musclés pratiquant du sport » avec elle la sexualisant.
Steven Moffat s’attarde également sur le couple formé par Madame Vastra et Jenny, une relation déjà sous-entendue auparavant qui est ici un peu maladroitement à mon goût mise en avant. Depuis son retour, Doctor Who est une série explicitement gay friendly, Russel T. Davies n’ayant jamais caché ses préférences sexuelles et s’était d’ailleurs fait un nom au travers de la série Queer as Folks. S’il est bon de voir qu’une institution comme Doctor Who prône ouvertement la tolérance et la liberté des choix de vie de chacun, le traitement du couple est ici maladroit, voire poussif, alors que la subtilité avait été de mise jusqu’à présent. Cette écriture poussive passe par une insistance constante sur la relation unissant les deux personnages et par la présentation d’une Madame Vastra inhabituellement dragueuse, frôlant l’out of character par rapport à ses précédentes apparitions. Cela reste de l’ordre du détail, rien que l’idée du couple lesbien composée d’une humaine et d’une femme-reptile dans le Londres victorien étant assez couillue pour avoir le mérite d’être aussi mis en avant, fut-ce un peu maladroit. Vu la récurrence des apparitions des deux femmes et de leur acolyte sontarien dans les dernières saisons, nul doute qu’il en sera de même ce coup-ci, certains rêvant même d’un spin-off centré sur le trio.
Si la porte d’une possible romance entre le Docteur et Clara semble donc écartée pour la suite de la série, et que le cas de River Song semble avoir été classé à la fin de la saison précédente, Steven Moffat n’écarte pas pour autant l’idée que la vie sentimentale trépidante de son héros va se calmer. La dernière scène de l’épisode fait apparaître un mystérieux personnage nommé Missy qui se présente comme la petite copine du Docteur ! Devant son comportement excentrique et ses connivences avec le chef des vilains de l’épisode, tout laisse à penser que Missy pourrait prétendre être ce qu’elle n’est pas, mais avec un personnage aux agissements secrets et compliqués comme le Docteur ce ne serait pas la première révélation. Les voyages dans le temps permettent également de faire intervenir un love interest à venir, à l’image du Dixième Docteur rencontrant River Song pour la première fois alors qu’elle va mourir et a déjà vécue leur histoire d’amour, mais cela ferait réchauffé.
Les paris vont bon train sur internet sur l’identité de Missy :
Une River Song qui aurait ressuscité et régénéré dans un nouveau corps ? Il semblerait étonnant qu’elle se présente comme sa petite amie et non sa femme, et mon intuition me dit que Steven Moffat semble avoir fait le tour du personnage, même si énormément de choses restent floue concernant sa relation avec le Docteur.
La Rani, une Dame du Temps de l’ancienne série ? En effet, une relation passée entre cette antagoniste et le Docteur, mais la fin de la série classique empêcha les spectateurs d’en découvrir plus.
Une personnification du Tardis qui aurait pris forme humaine, comme dans The Doctor’s Wife (L’Âme du Tardis, S06E04) ? Rappelez-vous cet excellente histoire scénarisée par le grand Neil Gaiman, considérée par beaucoup (dont moi) comme le meilleur épisode de la saison 6 où l’on voyait l’esprit du Tardis se matérialiser physiquement et interagir avec le Docteur. Dans sa façon de s’exprimer et se déplacer Missy paraît excentrique, voire étrange, semble parler d’elle en utilisant le “nous”, dit qu’elle a pris l’accent écossais car elle aimait celui du Docteur… Avec son attitude en décalage avec le monde qui l’entoure et une caractérisation qui semble se baser sur celle de son « petit ami », le personnage a tout pour passer pour un être artificiel voulant s’intégrer dans l’univers.
Comme chez Comixity on est audacieux, je vous propose la plus tordue de toutes : le Maître est de retour en tant que femme (on sait que c’est possible) et imagine sa relation avec le Docteur comme une romance ! Et puis Missy, ça fais penser à « mistress », le féminin de « master » ! Bon en farfouillant sur le net j’ai pu voir que je n’étais pas le seul à y avoir penser, l’idée semble plaire à tout le monde, et pour cause, l’attente du retour du pendant négatif du Docteur commençant à se faire longue, tout comme depuis la série classique la perspective de voir un Seigneur du Temps changer de genre d’une régénération à l’autre laisse rêveur plus d’un spectateur par les perspectives de scénarios que cela permettrait.
La réponse la plus simple (et la plus probable pour la plupart des gens) reste que Missy est un personnage nouveau, créé pour cette intrigue. La solution se trouve peut-être dans l’un des scripts qui ont fuité, si c’est le cas je demanderai à ceux qui les ont consulté de ne rien révéler dans les commentaires par respect pour tous ceux comme moi qui préfèrent découvrir tout cela à travers la diffusion des épisodes.
On peut aussi se demander si Missy ne serait pas la mystérieuse femme qui donne le numéro de téléphone du Tardis à Clara dans The Bells of Saint John et qui aurait mise l’annonce dans le journal, même si la piste que ce soit Clara elle-même qui soit derrière ne soit pas écarté ; à la fin de la saison précédente la jeune femme voyage dans la timeline du Docteur et aide, directement ou non, les différentes incarnations du héros, rien ne dit qu’elle ne pourrait pas à nouveau aiguiller le destin mais dans sa propre timeline ce coup-ci, rappelant par là la fin de la première saison où l’on découvrait qu’en devenant l’entité du Bad Wolf, Rose Tyler (Billie Piper) avait manipulé les évènements entourant ses voyages avec le Neuvième Docteur (Christopher Eccleston).
L’impossible déjà-vu
Un autre grand mystère de l’épisode repose sur l’interrogation qui perturbe le Docteur tout du long : où a-t-il déjà vu son nouveau visage ? Une fois n’est pas coutume, le spectateur attentif aura une longueur d’avance sur le bon Docteur et se rappellera que Peter Capaldi a déjà joué dans la série, incarnant le Romain Lucius Caecilius dans The Fires of Pompeii (La Chute de Pompéi, S04E02). Mais ce n’est pas tout, puisque l’acteur a aussi eu un rôle un peu plus important dans la série Torchwood: Children of Earth en y incarnant John Frobisher dans les cinq épisodes composant cette troisième saison du spin-off de Doctor Who.
Ce genre de choses arrivent dans de nombreuses séries, rien que dans Doctor Who on pourrait citer le cas de Freema Agyeman jouant un petit rôle dans le final de la seconde saison avant d’interpréter dès l’épisode suivant la nouvelle compagne du Docteur, Martha Jones (même si ici les scénaristes ont justifié la ressemblance en établissant que les deux personnages étaient cousines), ou Karen Gillan (l’inoubliable Amy Pound des saisons 5 à 7) jouant une devineresse… dans The Fires of Pompeii justement, jolie coïncidence donc… Sauf que pour le cas des différents rôles de Capaldi, les scénaristes semblent décidés à lier le tout, et pas par une petite pirouette simplette vite donnée vite écartée comme pour Freema Agyeman. Et comment ne pas penser au cas de Clara, la « fille impossible dont le Docteur a rencontré plusieurs incarnations à travers le temps durant la saison précédente » ? Les paradoxes temporels complexes n’ont assurément pas fini de parsemer l’œuvre de Steven Moffat.
Une dernière piste reste ouverte depuis The Name of the Doctor (Le Nom du Docteur, S07E13). Lors de l’énumération des différents noms par lesquels s’est, ou se fera, connaître le Docteur par la Grande Intelligence figure celui de Valeyard. Si cela ne dira rien à qui n’a que suivi la nouvelle version de la série, pour quiconque connaît l’ancienne la simple mention du terme ouvre une piste excitante pour la suite : apparu durant la saison 23, le personnage y est décrit comme la personnification du côté sombre du Docteur apparue (ou qui apparaîtra) quelque part entre sa douzième et sa treizième incarnation, un flou étant bien évidemment entretenu sur les détails de l’histoire. Si le Valeyard n’est pas encore apparu dans la nouvelle série, certains concepts s’en sont rapprochés durant l’ère Moffat avec tout d’abord le Dream Lord (incarné par Toby Jones, que les fans de comics ont pu voir dans les films consacrés à Captain America sous les traits d’Arnim Zola) un être personnifiant les mauvais côtés du Onzième Docteur, ou encore dans une moindre mesure le War Doctor, dont l’existence est d’ailleurs révélée à la fin de The Name of the Doctor, même si on découvre dans Day of the Doctor qu’il n’est finalement pas une version foncièrement mauvaise du Seigneur du Temps. Avec un Douzième Docteur qui se veut sombre d’entrée de jeu et qui a des troubles de personnalités, l’apparition du Valeyard peut sembler plus que probable dans les saisons à venir, d’autant que l’on ne sait toujours pas quel sera l’antagoniste ou la race de la série classique à apparaître dans cette saison et qu’il apparaît donc comme le candidat idéal.
Allons-y !
Que retenir de ce pilote ? Un épisode au début un peu perturbant (mais n’est-ce pas le but recherché avec ce Docteur complètement largué ?) mais qui finit par prendre son réel envol après son premier tiers, le spectateur se retrouvant entrainé dans l’histoire par Clara qui va découvrir que le Docteur est un être bien plus complexe qu’elle ne le pensait. Peter Capaldi est extraordinaire, si l’épisode souffre de quelques facilités et lourdeurs son jeu est impeccable, passant de la nouvelle incarnation souffrant d’un traumatisme de sa régénération encore plus profond qu’à l’habitude à un Docteur plus dangereux et mystérieux que jamais. Le cahier des charges du fan-service est respecté à la perfection tout comme les promesses d’intrigues bien ficelées comme fils rouges de la saison. Sachons raison garder, Steven Moffat ayant quand même fait preuve d’un sens du teasing pour des intrigues finalement seulement effleurées comme celle du Silence dans la saison 6 où on le Docteur lui-même nous promettait une « révolution » contre des ennemis présents sur Terre à toutes les époques qui n’a finalement pas vraiment eu lieu, ou encore la nouvelle relation établie entre le Seigneur du Temps et les Daleks à la fin du premier épisode de la saison 7 qui n’a abouti sur rien jusqu’à présent… à moins que ces répercussions soient pour le second épisode qui voit les plus tenaces ennemis du Docteur faire leur (nouveau) grand retour !
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