Débat : quelle est la meilleure histoire publiée par Marvel Comics ?

Voilà une grande question posée par Tom Brevoort la semaine dernière sur Twitter et qui faisait écho à un débat entre éditeurs chez Marvel : quelle est la meilleure histoire publiée par l’éditeur au cours de son histoire. Le point d’échauffement étant que beaucoup considéraient que c’était Daredevil : Born Again de Frank Miller et David Mazzucchelli. 

Daredevil_Born_Again (1)

Bien évidemment, un tel débat est à mon sens impossible à trancher, car en 80 ans, Marvel a publié des dizaines de milliers de comics, et décider quel est le meilleur est forcément subjectif et proche de l’impossible. Sauf que le fan des mutants s’est révolté en moi. 

daredevil_born_again

J’adore Born Again, bien évidemment, mais il était évident qu’il y avait forcément mieux et j’allais le trouver. Il me suffisait de réfléchir un peu.  J’ai voulu chercher immédiatement dans ma mémoire puis en restant devant mes bibliothèques les yeux dans le vague pendant quelques heures…ettttt je dois dire que c’est vachement dur !!!

Le fait est que Daredevil est un titre qui au cours des 40 dernières années a connu des runs sensationnels en série : Miller, Nocenti, Smith/Quesada/Palmiotti, Bendis/Maleev, Brubaker Waid et encore récemment Zdarsky ! et au dessus de cette montagne trône Miller. Tout le monde d’une manière ou d’une autre s’est inspiré de lui, et Born Again …est un peu le prototype de toutes les grandes histoires que le personnage a connu par la suite. 

De fait, on peut dire que sans Miller : pas de Bendis, Brubaker ou Zdarsky. Même le run de Waid qui pourtant s’en éloigne peut être vu comme une réaction à son run. Il est donc incontournable. 

Mais au delà et parce que nous avons du temps devant nous : quelle histoire publiée par Marvel, dans le genre super-héroïque vous a le plus marqué ? 

Je vais aborder ici, et dans les articles suivants,  quelques unes de celles que j’ai personnellement adoré et qui ont marqué ma vie de lecteur, en les abordant par franchise. Je ne ferai pas tout et honnêtement, je compte sur vous pour combler mes nombreuses, très très nombreuses lacunes et oublis. Mais on va découper cela par titre et famille (donc plusieurs articles a venir !!!), et débutons avec la première famille de l’univers Marvel : les Fantastic Four !

Et je sèche déjà ! je ne m’en cache pas, mon run préféré est celui de Jonathan Hickman et mes connaissances précédant 1996 sont …très faibles ? le run de Byrne n’a jamais été réédité en VF par Panini et …comme je sais que les traductions des années Lee / Kirby sont sans doute atroces…je ne me suis pas encore plongé dedans (vous vous souvenez ? les lacunes évoquées plus haut ?). 

Donc concentrons nous sur ces 22 dernières années, il y a déjà de quoi discuter ! dans aucun ordre particulier mais en se souvenant que je préfère Hickman…

L’armure de Doom 

Run : Chris Claremont/Salvador Larroca 

Episodes : Fantastic Four vol 3 # 26 à 31

Avis : on commence par un run qui est cher à mon petit coeur de fan mais qui est au final assez peu évoqué, largement oublié au profit des deux grands runs qui ont marqués les FF au cours des deux dernières décennies, à savoir ceux de Mark Waid et Jonathan Hickman. Pourtant à mon sens, le travail de Claremont sur le titre est spécial. Tout d’abord…parce que c’est pour moi le dernier vraiment bon run du scénariste (et cela remonte à 98/99…), tout ce qui a suivi ensuite lors de son retour sur les X-Men n’a jamais retrouvé ce niveau. 

Et ensuite…il est important pour moi, parce qu’à ce moment je ne ne lisais les FF que depuis un an et demi (j’ai commencé avec Heroes reborn de Jim Lee et non, ne me jetez pas des pierres, il faut bien commencer quelque part !). Et c’est avec cet arc, que j’ai intitulé l’armure de Doom de manière totalement unilatérale, qui constitue sans doute l’apogée de ce run. Marquée par le retour de Doom, elle tourne avant tout autour de la corruption de Reed Richards (une idée qui va revenir fréquemment dans les décennies suivantes) alors coincé dans l’armure de Doom. 

Pour survivre, Richards doit penser comme Doom…pour peu à peu devenir comme lui. L’arc permet à Claremont de s’adonner à quelques uns de ses tropes fétiches, comme la femme du héros qui tombe amoureuse de son pire ennemi (ou du moins aime flirter avec lui…), le fait de s’allier avec l’ennemi juré en question,  quelques possessions ici ou là, pas mal de faux semblants, des divisions avant enfin au bout de beaucoup d’épisodes, la libération et l’explication. 

Le tout est alors soutenu par Salvador Larroca qui est alors pour moi au sommet de sa forme. Il n’a pas adopté son style photo-réaliste immonde, mais commence à s’éloigner d’un style jusque là un peu trop animé/manga propre aux années 90. Il est à la croisée des chemins, en équilibre entre réalisme/cartoony. Et cela fonctionne !!! 

Verdict : est-ce que c’est mieux que Born Again ? la vache non. Même de loin et de nuit, mais à l’époque j’avais adoré cet arc rempli de tensions qui voyait l’intrigue rebondir d’épisode en épisode, alors que l’on se demandait quel ce que les auteurs allaient nous sortir !

Unthinkable / L’appel des ténèbres

Run : Mark Waid / Mike Wieringo 

Episodes : Fantastic Four (vol 3) #  67 à Fantastic Four # 500 (le titre a été renuméroté…cherchez pas à comprendre…)

Avis : ahhh alors là on rentre dans du grand comic-book ! et bien évidemment, il s’agit d’un arc marqué par le retour d’un Doom en très très grande forme ! Toute l’histoire tourne en fait autour d’une simple idée : et si Doom laissait tomber la technologie, la science, pour s’adonner pleinement à une autre arme qu’il avait longtemps délaissé, qui lui venait de sa mère : la magie. 

L’idée fonctionne à plusieurs niveaux. Tout d’abord, parce que cela permet d’explorer un tout nouveau territoire avec ce personnage. Ce qui après 40 ans…est toujours très difficile. Et Waid / Wieringo le font avec une entrée fort réussie, alors que nous rencontrons le premier amour de Doom qui sera sacrifié sur l’autel de son ambition. L’épisode en question est très fort et montre bien à la fois le côté humain du personnage mais aussi le fait qu’il abandonne une grande partie de celui qu’il était. 

Ensuite, c’est une force contre laquelle les FF sont particulièrement vulnérables, puisque Reed ne cesse de répéter qu’il ne peut comprendre la magie, qu’elle échappe à son intelligence. Il surpasse Doom quand on parle de science, mais sur le champs de la magie, il est dépassé. 

Enfin, la grande idée des auteurs selon moi est avant tout de traiter presque cette histoire comme un film d’horreur, qui commence lorsque Valeria prononce son tout premier mot …Doom ! à partir de là, le scénario s’appuie de manière très maligne sur la continuité pour lancer l’offensive et …littéralement torturer les FF qui vont être poussés dans leurs dernièrs retranchements. 

C’est l’une des rares fois où j’ai vraiment eu peur pour les personnages…qui en ressortiront tous particulièrement chamboulés, de Reed en passant par Ben ou encore Franklin…En outre, l’impression de malaise est renforcé par le style cartoony  de Wieringo, car l’intrigue est particulièrement sombre. 

Verdict : est-ce que c’est mieux que Born Again ? je dirai non. Il y a clairement de très grands moments, mais Frank Miller gagne encore selon moi. 

THREE

Run : Jonathan Hickman / Steve Epting 

Episodes : Fantastic Four # 585 à 587

Avis : là…on commence à vraiment entrer dans le dur, ou plutôt le premier point culminant du run de Jonathan Hickman sur le titre. Pour faire simple, tout l’arc tourne autour de la disparition d’un membre de l’équipe. Soit une histoire…passablement déjà vue. Le fait est qu’au cours de leur longue, très longue histoire, les FF ont vu leurs membres être supposés morts de manière régulière, puis remplacés relativement souvent. Du coup, difficile d’installer un suspens, et d’éviter le sentiment de déjà vu…

Sauf qu’Hickman est un peu un magicien…et il sait comment installer la tension. Car si l’arc tourne autour de la disparition d’un des personnages…une grande partie du suspense tourne autour du fait que chacun d’eux opère dans son coin et fait face à une menace mortelle potentielle. Il y ainsi une effet compte à rebours au fil des épisodes qui fonctionne parfaitement. Si bien qu’il nous tient en haleine jusqu’au bout…et je dois vous dire que presque 10 ans après la publication du numéro en question…j’ai encore des frissons en repensant aux dernières pages de l’épisode 587. 

La révélation de qui va y passer, mais surtout le comment ! car c’est là l’important. Au bout de 50 ans, il est bien difficile de présenter des histoires purement originales. Et parfois on marche sur des sentiers battus…mais la manière dont un scénariste les explore peut changer les choses. Et Hickman dans ces pages sait gérer suspense, drame, développement de personnage, dialogue…on ressent vraiment le danger, et la tragédie qui se joue…

Bon, on sait que le personnage finira inévitablement par revenir, mais c’est la force du scénariste de savoir nous emporter avec son récit, de nous y faire croire pendant un moment. 

Verdict : est-ce que c’est mieux que Born Again ? j’ai adoré cet arc, mais à mon sens…Born again reste un cran au dessus. 

FOREVER 

Run : Jonathan Hickman / Barry Kitson & Steve Epting 

Episodes : Fantastic Four 600-604

Avis : et enfin, on finit avec ce qui restera sans doute mon histoire préférée sur les FF, la culmination de tout le travail de Hickman sur la série (avec Future Fondation en parallèle), avec l’arc Forever. C’est un peu l’exemple parfait du “j’ai mis en place tout un tas de trucs pendant deux ans : maintenant, c’est parti, on fait tout péter et absolument tout vient jouer un rôle” : le conseil des Reeds, les célestes fous, les Franklin et Valeria adulte, le cadavre de Galactus, les 4 cités, la future fondation, tout joue un rôle clé…et surtout XXX de XXX qu’est-ce que c’est épique !!!! le tout s’achevant sur ce monumental : “to me, my Galactus” !!! Je pense que c’est l’une des raisons pour laquelle le titre n’a cessé de décliner après le départ de Hickman. Nous étions monter tellement haut avec lui, que personne n’a su comment enchaîner…tiens comme après son run sur Avengers ! …d’un coup j’ai très peur pour les X-Men…

BAD ASS !

Verdict : est-ce que c’est mieux que Born Again ? je dirai que ce n’est pas loin…mais que la saga pêche un peu côté graphique. J’adore Barry Kitson, mais il est difficile de faire mieux que David Mazzucchelli !

Et voilà, les quelques histoires que je retiens. Et parmi les choses que je vais devoir lire, et qui font partie des plus grands récits de l’histoire du titre, je n’oublie pas des choses comme :

  • The coming of Galactus de Stan Lee et Jack Kirby –  Fantastic Four vol 1 # 48 à 50

  • This man, This monster de Stan Lee et Jack Kirby  – Fantastic Four vol 1 # 51

  • ou encore le procès de Galactus/ Reed Richards  de John Byrne – Fantastic Four vol 1 # 262

Maintenant à vous : quelle histoire des FF peut selon vous être au niveau voire dépasser Born Again ? et quelle autre série voulez vous que nous abordions ensuite ? et peut être qu’ensuite on passera ou alternera avec  DC…

A propos Sam 2318 Articles
Ce fan de Morrison donne ses conseils dans des guides de lectures

6 Comments

  1. Chris claremont était très inspiré pour son run sur les F4, et Salvador était au top avant dadopter ce style photoréaliste dégueu.
    Je n’ai pas lu le run de kirkmanmais je vais rattraper ça avec les recueils sortis en vo qu’il faut que je me procure.

    J’aime bien le run de Jim Lee pendant Heroes Reborn,,avec celui d’iron man c’était les deux séries lisibles de Heroes Reborn .

    Le run de Byrne était énorme, mais le format de publication de nova ne rendait pas justice aux magnifiques dessins du maître Byrne.

    Tu as oublié le run de simonson qui était très bon (je crois que c’était a la suite de son Thor). Clairement il a sa place dans ce top.

    Il ya aussi les fantastiques de Pacheco qui mériteraient une petite place.

    • Idem, j’ai une certaine affection pour le run de Lee. C’était parfait à l’époque pour un lecteur comme moi qui n’avait pas beaucoup d’expérience avec cette équipe et le Lee essayait aussi de moderniser un peu tout ça.
      Pour les runs de Byrne et Simonson, cela fait effectivement partie des lacunes énormes que je dois combler. J’hésite depuis un moment à me prendre les omnibus de Byrne, d’autant que seul le premier est encore disponible, et le epic collection de Simonson en VO. Nous verrons à la fin de la crise actuelle…Mais en même temps, je pressens que si X-Men était très présent en termes de réédition chez Marvel en 2020, l’année prochaine sera plus Spider-Man et FF…donc de bonnes occasions de …”m’instruire”. Oui, peu importe le niveau de la dépense quand c’est pour …enrichir sa culture personnelle. Je m’instruis en fait. C’est pour le bien de l’humanité toute entière…oui c’est ça.

  2. J espère que Panini passe ici et réédite en gros format les runs de waid et hickman. Tu m’as donné envie de lire des FF ! Encore des dépenses éventuelles en pleine crise où , étant libéral (donc zéro revenu) , je me suis promis de ne rien dépenser avant la reprise d activité … je sens que ta série d articles va impacter mon budget jusque 2022…. En tout cas merci de l effort pour vous divertir Sam

    • Pour les run de Waid, cela aurait été parfait en Icons…je me souviens que Panini avait débuté la réédition du run d’Hickman en Deluxe mais n’avait pas dépassé le tome 1. Ensuite…ce n’est pas vraiment un mal selon moi, car la traduction VF du run d’Hickman est selon moi atroce. Cela ne rend pas justice à l’écriture de l’auteur ! mais bonne nouvelle si tu peux lire en anglais, Marvel a débuté la réédition en complete collection qui sont plus abordables que les omnibus, qui de toute façon sont en rupture de stock depuis un moment (je garde les miens précieusement !).

      Bon courage pour tes finances, c’est vrai que l’on entre dans une période difficile. Je ne cache pas que c’est une des raisons qui m’ont fait hésiter à me lancer dans cette série d’articles, entre les librairies fermées qui vont qu’on ne peut pas se les procurer et …le budget qui va souffrir, mais je me suis dit que cela vous divertirait justement et vous ferait penser à autre chose, même pendant quelques minutes.

  3. Bin, c’est simple en ce qui me concerne: les Fantastiques çà se résume en (1) Lee & Kyrby qui ont inventé le mythe et (2) Byrne qui l’a porté au firmament.
    Le reste n’arrive pas à ce niveau.
    Franchement, çà vaut le coup d’investir pour lire les épisodes de Byrne.

  4. Les FF ne sont pas le groupe que je connais le mieux. J’en lis depuis le début, dans Nova si je me souviens bien, mais bon…c’était plaisant, ca avait pleinement sa place à part sans l’univers Marvel, sans forcément être LE truc sur lequel je fonçais en premier.

    Les deux choses dont je me souviens bien, en revanche, c’est la mini FF VS XMen, mais est-ce que cela compte ?

    Le run d’Hickman ensuite, passionnant, formidablement écrit.
    Malheureusement, étant lecteur VF, je n’en connais que le début : Panini a publié deux Deluxe avant d’arrêter.
    Pour répondre à ta question ci-dessus, la VF se termine avec Fantastic Four 588 et Future Fondation 5.
    C’est pas frustrant, c’est pire.

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