LES MEILLEURES FINS DE COMICS

En préambule, je dois avouer quelque chose : l’écriture de cet article m’a fait beaucoup réfléchir sur mes goûts personnels. Non pas que je ne réfléchisse pas à ce sujet en général, mais dans le cas présent, je me suis vraiment posé une question en particulier : est-ce que je n’aime que les fins vraiment noires ou douces amères ?

En effet, comme vous pouvez le constater, dans les fins que j’ai sélectionné …peu vont vous donner envie de vivre une vie heureuse, danser dans les prés ou connaître une perspective de ressentir une quelconque once de bonheur dans l’avenir proche…Donc, …j’aime les conclusions bien tragiques, noires au possibles, où les héros en prennent plein la gueule…Je ne sais pas comment je dois l’appréhender. Mais je peux argumenter ? 

En effet, je pensais aimer les fins heureuses personnellement. Comme tout le monde en fait. Mais la réalité est, que dans les fictions mainstream…les fins heureuses sont la norme et du coup ne sont pas si marquantes que cela. Ce sont des produits que l’on consomme avant de passer au suivant…si bien que dans le lot…les fins qui vont proposer quelque chose de différent, de manière réussie, vont forcément nous marquer davantage en tant que lecteur. 

Mais ce n’est pas comme si nous avions tant de bonnes fins que cela dans le monde des comics. Pour deux raisons essentiellement. La première est que 80% des séries sur le marché sont des titres de super-héros qui prennent place dans les deux grands univers et que les séries sont en réalité illimitées. Et même quand une série s’arrête…on retrouvera le ou les personnage(s) dans un autre titre, donc ce n’est pas vraiment une fin. 

La seconde raison est que dans le reste de la production comics, en particulier indépendante…peu de titres survivent suffisamment longtemps pour proposer une vraie fin. Nous avons pu le voir au cours de la dernière décennie, combien de séries Image ont ainsi disparu corps et bien au bout de même pas 10 épisodes faute de lecteurs et sans vraiment proposer de réelle conclusion ? 

Les vraies fins dans le monde des comics sont donc rares. Les vraies bonnes fins où les auteurs ont pu faire ce qu’ils voulaient et que cela s’avère brillant …sont encore plus rares.Et apporter une vraie fin à un récit est ce qui peut le faire passer du statut de simple bonne histoire à quelque chose de bien plus puissant, quelque chose qui reste dans les mémoires des lecteurs, quelque chose qui parfois même marque l’histoire des comics…

J’en ai donc sélectionné quelqu’unes qui m’ont marquées au fil des années…N’hésitez pas à partager vos fins préférées dans les commentaires !

GOTHAM CENTRAL 

Gotham_CentralÉditeur : DC Comics 

Nombre d’épisodes : 40

Scénariste : Greg Rucka & Ed Brubaker 

Dessinateur : Michael Lark, 

Sollicitation : La vie de flic n’est pas simple à Gotham City.

Protégée par un justicier taciturne, elle est la cible des pires criminels qui soient. C’est ce que vont apprendre à leurs dépends l’inspecteur Marcus Driver lorsque son partenaire est abattu par Mr Freeze, ou Renée Montoya lorsque son homosexualité est révélée au grand jour. 

Disponibilité en VF : en 4 tomes chez Urban Comics 

Avis : et l’on commence très fort avec sans doute l’une des fins les plus noires du lot. À l’image de toute la série qui pose une question simple : qu’est-ce qu’être flic dans l’ombre gigantesque de Batman, de travailler dans l’une des villes les plus dangeureuses de la planète en étant en même temps presque pris entre deux feux. Le titre partagé entre Ed Brubaker et Greg Rucka, voyait chaque scénariste s’intéresser à une équipe d’inspecteurs chacun, entre l’équipe de jour et l’équipe de nuit. 

Au cours de la dernière année de la série, Ed Brubaker quitta le titre pour bosser pour Marvel et Greg Rucka ne se sentant pas de travailler seul sur ce qui était leur bébé à tous les deux, décide alors avec l’accord de DC d’achever le titre avec une dernière histoire centrée sur son équipe, et  notamment sur Renée Montoya, l’un de ses personnages fétiches chez DC, sur lequel il reviendra à de nombreuses reprises au cours des années suivantes. 

Et je sais que je brise l’une des règles que j’ai posé dans mon introduction, puisque justement Rucka reprendra le personnage par la suite…mais jamais de la même manière, car l’auteur clôt ici un chapitre de la vie de Montoya. Il y a vraiment un avant et un après Gotham Central pour elle. Frappée une dernière fois par un drame personnel, elle est amenée à prendre plusieurs décisions qui vont marquer son existence. 

Et ce dernier épisode est simplement phénoménal, rempli de tension, d’émotions avant le drame final sur la dernière page. La confrontation qui intervient dans cet épisode est …on ne peut pas lire certains passages sans trembler tant la tension est forte. Et me relisant cet épisode pour préparer l’article, je me suis rendu compte d’un autre détail qui n’est jamais frappant avec Rucka, c’est son sens du dialogue. 

C’est un détail intéressant, car si vous avez déjà lu du Rucka, vous savez qu’il est assez économe avec ses mots, préférant laisser à  l’artiste et au dessin toute la place nécessaire et limitant les dialogues au strict nécessaire. Et c’est ici une force, car les derniers mots de Montoya sont particulièrement bien choisis, lourds de sens et qui n’appellent pas plus de développements ou d’explications “I’ve got nothing left” ou “Il ne me reste plus rien”…Est-ce que Rucka parle au travers de son personnage en outre ? à chacun de se faire son opinion, mais c’est une manière forte de finir un run !

C’est une conclusion particulièrement marquante qui est proposée ici qui permet au titre de quitter la scène comics la tête haute et en fait l’une des meilleures séries publiées par DC au cours des 20 dernières années. 

Y THE LAST MAN 

Y, le dernier HommeÉditeur : DC Comics / Vertigo 

Nombre d’épisodes : 60

Scénariste : Brian K.Vaughan 

Dessinateur : Pia Guerra 

Sollicitation : Une épidémie mystérieuse a décimé toute la population mâle de la Terre !

Toute sauf un jeune homme, appelé Yorick Brown, et son singe, Esperluette. Pourchassés par des groupements de femmes aux intérêts divers, Yorick et Esperluette partent sur les routes dévastées des États-Unis, sous la protection de la mystérieuse et mortelle Agent 355. 

Disponibilité en VF : oui, chez Urban Comics 

Avis : alors je vais vous faire une confession, la première fois que j’ai lu l’épisode 60 de Y The Last Man, je l’ai détesté. Si si ! en fait, je l’ai lu au moment de sa sortie en VO par curiosité alors que je n’avais lu que quelques épisodes en VF.  Je l’avais trouvé dans ma librairie et me spoiler ne me dérangeait pas. Et …je me suis avant tout dit “tout ça pour ça ! c’est nul !!!” et puis le temps a passé…et cette fin ne m’a pas quitté et alors que je découvrais un peu plus la série en VF, plus j’apprenais à mieux connaître les personnages et le nouveau monde qui émergeait…plus cette fin a grandi en moi au point de devenir l’une des meilleures que j’ai jamais lu et surtout l’une des plus émouvantes.

Le fait de sauter des décennies dans l’avenir tout en montrant dans quelle direction était allé chaque personnage survivant au fil des années était un pari risqué …qui paye de manière incroyable. Je ne vous cache pas que certaines pages me font encore chialer comme un bébé (ahhh Esperluette, voilà vous pleurez aussi…) pour arriver sur cette dernière page…presque une fin ouverte…mais qui est tellement lourde de sens pour le personnage de Yorick. Il y a tellement à décrypter dans ces pages, tellement de messages, que même après nombre de relectures, je ne pense pas avoir tout découvert. 

C’est là une fin puissante, touchante, à la hauteur de la série, voire qui l’élève encore plus. Et en parlant de fin qui élève la série, passons à la suivante qui correspond parfaitement à cette description !

SCALPED 

Editeur : DC Comics / Vertigo 

Nombre d’épisodes : 60

Scénariste : Jason Aaron 

Dessinateur : R.M.Guéra 

Sollicitation : Violente, sombre et désespérée, cette série nous plonge dans le quotidien d’une réserve amérindienne. Après quinze ans d’absence, Dashiel Bad Horse y retourne et constate que rien n’a changé, elle est toujours rongée par la drogue, la violence et le crime organisé.

Disponibilité en VF : oui, chez Urban Comics 

Avis : à l’image de son scénariste Jason Aaron, Scalped est pour moi une série relativement inégale, qui pouvait sur certains arcs atteindre des sommets stratosphériques pour dans l’arc d’après se révéler bien moins brillante, plus brouillonne …il y a des parties où l’on a l’impression que Jason Aaron a un peu perdu de vue son histoire, oubliant même son personnage principal, ou du moins celui qui est censé être son personnage principal,  pendant toute une période…

Et puis arrive cette fin, ce dernier épisode, qui sauve tout en revenant aux bases de ce qui avait fait de la série quelque chose de spécial, en revenant à la vie de cette réserve, au désespoir crasse qui la marque en profondeur, à la quasi absence d’espoir…à la comédie infernale, et profondément humaine qui s’y joue depuis des siècles. On comprend à la fin que dans ce microcosme, personne n’est libre, chacun des personnages joue le rôle qui lui est assigné peu importe le prix. 

Certains en tirent des leçons mais toujours trop tard, en fait surtout quand il est trop tard pour changer quoique ce soit.  Et la vie continue, toujours aussi terrible, avec ses quelques soupçons d’espoirs qui permettent de rendre l’ensemble supportable. Certains rencontrent leur destin, voire une forme de paix, certains trouvent ce qu’ils pensent mériter, certains trouvent une vie au services des autres qui les sauve également…et d’autres…d’autres ne peuvent que sombrer. 

Et une fois les acteurs en place, les rôles distribués, la pièce reprend. Les acteurs ont changé, mais les rôles sont toujours les mêmes, et le même scénario se répétera encore et encore car personne n’aura la force ou la sagesse de briser le cycle. C’est une fin profondément noire qui est proposée par les auteurs, mais qui respecte parfaitement l’esprit de la série. Car il n’y avait pas d’espoirs dès le départ, il y avait trop d’histoire avec un grand et un petit h, trop de sang, trop de morts pour qu’il y ait une autre fin. 

STRANGERS IN PARADISE 

Editeur : Abstract Studios 

Nombre d’épisodes : 90

Scénariste : Terry Moore 

Dessinateur : Terry Moore 

Sollicitation : Katchoo est une jeune femme à la vie plutôt rangée. Elle est intelligente, indépendante et très fantasque… Elle est aussi très amoureuse de sa meilleure amie, Francine. Mais un jour, Katchoo rencontre David, un jeune homme gentil, et prêt à tout pour gagner le coeur de la jeune fille. Rien n’est simple… Mais plus qu’un soap opera, SIP se révèle très vite être également un thriller haletant !

Disponibilité en VF : en 3 tomes chez Delcourt Comics 

Avis : voilà une fin que je vais avoir du mal à aborder sans tirer ma petite larme, sans être très ému, car cela reste un des fins les plus satisfaisantes que j’ai jamais lu et en même temps, on ne peut nier qu’elle soit douce amère. Le voyage des personnages que l’on a suivi sur 90 épisodes arrive à son terme et ceux qui ont survécus on enfin trouvés leurs foyers, leurs places et l’avenir s’annonce lumineux et sans nuages. Mais tout le monde ne s’en sort pas, tout le monde n’atteint pas la ligne d’arrivée. Et pour parvenir à cette fin heureuse, les vivants doivent littéralement porter les morts. 

Et c’est en faisant ce voyage qu’ils vont trouver leurs maisons, là aussi dans tous les sens du terme. C’est une fin que je relis régulièrement. Une fin qui donne de l’espoir, qu’au bout de la route, après toutes les épreuves, quelque chose nous attend. Que l’on peut tous trouver notre place quelque soit notre situation. Et c’est une fin qui s’attarde sur les deux personnages principaux Katchoo et Francine, et montre le chemin parcouru…TOUT le chemin parcouru depuis leur rencontre. 

C’est juste parfait et encore une fois, si vous n’avez pas encore lu Strangers in Paradise, c’est un voyage que je ne peux que recommander. Sniff…

FURY MAX:  MY WAR GONE BY 

Editeur : Marvel Comics 

Nombre d’épisodes : 13

Scénariste : Garth Ennis 

Dessinateur : Goran Parlov 

Sollicitation : Dans les années 50, Nick Fury n’a qu’une ambition : retourner combattre en première ligne comme pendant la Deuxième Guerre mondiale. Mais les ennemis sont désormais plus fuyants, ce qui le contraint à mener des missions impossibles aux quatre coins du monde. Fury part ainsi soutenir les Français en Indochine puis débarque dans la baie des Cochons avec la ferme intention de tuer Fidel Castro en personne ! Ce volume réunit les épisodes du premier récit complet extrait de la série Fury Max, signé Garth Ennis et Goran Parlov.

Disponibilité en VF : en deux tomes chez Panini Comics – mais peut être difficile à trouver aujourd’hui ! 

Avis : et on change de registre du tout au tout en parlant guerre et d’hommes de vrais …qui foutent le bordel au fil des décades !!! 

Comme je l’ai souvent dit, pour moi il y a deux Garth Ennis. Le premier, immature, qui aime les blagues trash à tendance scato et qui se fiche complètement d’être politiquement correct/incorrect. Et puis vous avez le second Garth Ennis, le vrai Garth Ennis, celui qui peut produire certains des récits les plus humains et touchants qui existent, qui peut naviguer du récit de guerre à la romance sans aucun problème. 

Et avec la maxi série My War gone by, il livre un portrait à la fois du personnage de Nick Fury mais aussi des USA et de leur histoire depuis la seconde guerre mondiale. Au cours des différents épisodes on suit en effet Fury au fil des décennies traversant tous les conflits majeurs des USA : de l’Indochine (en soutien à l’armée française), à Cuba, en passant par le Vietnam et toutes les opérations secrètes menées en Amérique du Sud dans les années 80. 

40 ans d’histoire, de guerres, de magouilles crades, de corruption, dans laquelle navigue un Fury animé par une seule chose : son amour de la guerre. Découvert et allumé lors de la seconde guerre mondiale, Ennis le décrit presque plus comme un junkie que comme un amoureux transi. Un junkie, qui s’alliera au diable, qui mentira, tuera, fera tout ce qu’il peut pour avoir sa dose. 

Bien évidemment en toile de fond, Ennis dénonce toutes ses dérives, les mensonges, les errements de la politique américaine tellement embourbée dans sa propre corruption qu’elle ne la voit presque plus …Mais il dénonce aussi une de ses marottes, les forces spéciales, celle que l’on envoie en secret, dont les morts ne sont pas décomptées au journal de 20h et qui lâchées loin de la maison et de la hiérarchie deviennent vite incontrôlables. 

C’est une des maxie séries les plus noires écrites par Ennis et la fin en rajoute encore une couche, alors que l’on retrouve un Fury à l’époque moderne, âgé, usé, qui se remémore sa vie, est lucide sur ce qu’il est et n’en tire pas un bilan flatteur …nous laissant sur une image finale qui annonce le destin funeste du personnage…Non pas une fin glorieuse sur un champs de bataille…mais quelque chose de bien plus triste et pathétique…

LOCKE & KEY

Editeur : IDW Publishing 

Nombre d’épisodes : 6 mini séries de 6 épisodes – soit 36 épisodes 

Scénariste : Joe Hill 

Dessinateur : Gabriel Rodriguez 

Sollicitation : Keyhouse : un étrange manoir de la Nouvelle-Angleterre. Un manoir hanté, dont les portes peuvent transformer ceux qui osent les franchir. Après le meurtre brutal de leur père, Tyler, Bode et Kinsey découvrent leur nouvelle demeure, croyant y trouver le refuge dont ils ont besoin pour panser leurs plaies. Mais une ténébreuse créature les y attend pour ouvrir la plus terrifiante de toutes les portes.

Disponibilité en VF : oui – chez  Hi Comics 

Avis : on revient ici à quelque chose de moins noir, quoique Locke & Key dispose de pas mal de moments très perturbants, mais dont la conclusion s’inscrit dans quelque chose de plus doux amer, de plus lumineux. Après plus de 30 épisodes à lutter contre les démons légués par leur père (et je me demande si Joe Hill, fils de Stephen King n’a pas exorcisé quelque chose avec cette série !), les personnages survivants de Locke & Key laissent Lovecraft et son héritage derrière eux (tiens peut être encore un commentaire méta de l’auteur ?) et c’est un départ rempli d’émotions. 

En quelques dizaines d’épisodes, les auteurs n’ont pas simplement construits une histoire et des personnages, ils leur ont donnés vie. On s’est attaché à chacun d’entre eux, leurs problèmes sont accessibles et compréhensibles et on est heureux que quelques uns aient survécus..et surtout aient pu faire la paix avec le passé tout en ne l’oubliant pas. Il fera toujours partie d’eux, mais il ne les torturera plus. Chacun pourra avancer avec sérénité vers un avenir qui s’annonce bien meilleur. 

Le dernier épisode reflète cet état d’esprit plus optimiste, sans pour autant oublier les disparus. Au contraire, on comprend que ceux qui ont perdus la vie feront toujours partie de ceux qui ont survécus…et ils nous manquent d’autant plus en tant que lecteur. 

SLEEPER

Editeur : DC Comics / Wildstorm

Nombre d’épisodes : 2 saisons de 12 épisodes – 24 épisodes 

Scénariste : Ed Brubaker 

Dessinateur : Sean Phillips 

Sollicitation : Le scénariste Ed Brubaker aime les polars et les super-héros et par-dessus tout, il aime mélanger les genres ! Il l’a fait chez DC avec Gotham Central qui s’intéressait aux policiers de la ville de Batman, il le fait chez WildStorm avec Sleeper. La série nous raconte les (més)aventures de Holden Carver, un agent affublé de superpouvoirs dont il ne voulait pas et infiltré dans l’organisation criminelle de Tao, un ennemi des WildC.A.T.S. Comme si la situation n’était pas assez compliquée, Carver tombe amoureux d’un des membres de l’organisation et son agent de liaison se fait tirer dessus et tombe dans le coma? Voici LA série qui a placé Brubaker sur le devant de la scène.

Disponibilité en VF : publié par Panini Comics – difficile à trouver aujourd’hui 

Avis : et allez, on revient vers la fin bien noire ! mais avec un soupçon d’espoir ? ou de faux espoir ? pour ceux qui ne l’auraient pas encore lus, Sleeper est un bouquin vraiment spécial, puisqu’il s’agit de la première vraie collaboration entre Ed Brubaker et Sean Phillips. Oh je sais qu’ils avaient travaillés ensemble auparavant sur le petit “scène de crime”, mais il s’agissait de la première fois qu’ils menaient vraiment ensemble un projet de bout en bout. 

Le premier qui annonce la longue série à venir. Le premier qui annonce le ton de tous leurs prochains travaux ensemble. Le premier où tous les ingrédients de leur incroyable collaboration, qui dure depuis presque 20 ans, réside. 

C’est bien simple tout y est : un monde sombre et complexe ou le bien et le mal ne sont presque plus que des mots dépourvus de sens. Des héros qui naviguent tant bien que mal dans une zone grise morale où ils se perdent la plupart du temps, une tension constante, et une fin…une fin bien noire qui reflète bien l’ensemble de la trajectoire de la série. 

Je ne vous cache pas que Sleeper reste un de mes comics préférés signés Brubaker/Phillips. On me rétorquera à raison que Criminal ou Fondu au noir lui sont supérieurs, mais Sleeper dispose de cette fraîcheur des débuts, alors que les deux auteurs creusaient encore leurs chemins dans le monde des comics qui rend le bouquin si spécial pour moi. 

WATCHMEN

Editeur : DC COMICS 

Nombre d’épisodes : 12

Scénariste : Alan Moore 

Dessinateur :  Dave Gibbons 

Sollicitation : Quand le Comédien, justicier au service du gouvernement, se fait défenestrer, son ancien allié, Rorschach, mène l’enquête. Il reprend rapidement contact avec d’autres héros à la retraite dont le Dr Manhattan, surhomme qui a modifié le cours de l’histoire. Alors qu’une guerre nucléaire couve entre les USA et l’URSS, tous s’interrogent : qui nous gardera de nos Gardiens ?

Disponibilité en VF : 50 éditions différentes chez Urban Comics (j’exagère…quoique)

Avis : bien évidemment, parmi les grandes fins, il était difficile de passer sur celle de Watchmen, celle qui défia toutes les fins traditionnelles de comics de super-héros…celle où le super-héros gagnent à la fin, ou le vilain est arrêté, meurt ou s’enfuit en promettant de se venger un jour prochain…

Rien de tout cela alors que le “vilain” en est un sans l’être, que les héros ne sont pas trop héroïques, ou la résolution du conflit ne s’achève pas par une victoire triomphante mais par la défaite morale des héros. Le seul qui la refuse étant celui qui est littéralement détruit par cette vérité…

Voilà maintenant presque 35 ans que Watchmen s’est achevé, et cela fait 35 ans que cette fin est débattue, décortiquée, analysée, commentée…et encore aujourd’hui, elle ne peut que laisser interrogatif. Car chaque lecteur finit le récit en se demandant : quelle était la bonne décision à prendre face à une telle situation ? aurais-je fais un autre choix que les héros ? C’est une fin qui bouscule à dessein le lecteur pour qu’il continue à remettre en cause les choses bien après avoir refermé le bouquin.

A propos Sam 2318 Articles
Ce fan de Morrison donne ses conseils dans des guides de lectures

16 Comments

  1. Je dois avouer que “Y The Last Man” m’a un peu lassé sur la longueur mais autrement rien à redire pour “Scalped” et “Watchmen” ( je dois encore rattraper les autres).
    En ce qui me concerne les derniers épisodes de “Sandman” m’ont énormément marqué, et puis il y a les deux chefs d’oeuvre de Morrison, la “Doom Patrol” et “Animal Man” parfaits du début à la fin. Ce ne sont pas des fins de séries puisqu’elles ont été reprises par d’autres auteurs ensuite, mais je pense qu’on peut les considérer comme telles.

  2. Bonjour
    Très bonne liste (qui commence par Gotham Central !!!)
    Par contre je ne connaissais pas fury max (j’en découvre tous les jours ici merci :)). Amateur d’Histoire c’est alléchant.
    Le tome 1 se suffit il a lui même ou est il mieux d’avoir la série ? Et si oui combien de tome existe til ?
    Merci

    • Concernant Fury Max, il vaut mieux lire toute la série, d’autant que je trouve que elle devient vraiment excellente dans le second tome. Le premier est bon, in installe le ton et les personnages, dont certains vont devenir récurrents, mais c’est vraiment dans le tome 2 que cela atteint des niveaux sans précédents, sans doute parce qu’Ennis touche à deux sujets très importants pour les USA : la guerre du Viet-Nam, avec une apparition marquante de Frank Castle qui fait équipe avec Fury et les opérations secrètes en Amérique du Sud dans les années 80. C’est vraiment une montée en puissance d’arc en arc, qui sont liés autour du même propos et de la même thématique.
      La série est en deux tomes donc rapide donc assez courte. A ne pas confondre avec les autres séries Fury signées Ennis. Dans le cas présent, c’est vraiment la maxi série seule Fury “d’une guerre à l’autre”.

      • J’ai réussi à trouvé Fury d’une guerre à l’autre mais pas la seconde partie à la guerre comme à la guerre… J’ai fait pas mal de site marchand et de sites de magasin de comics mais j’ai fait chou blanc 🙁
        Quelqu’un aurait il une idée où je peux chercher des comics d’occasion ? Ou même en aurait un exemplaire à vendre ;)?

  3. Concernant les fins émouvantes, aimant les histoires d’amour et fan de Batman, j’ai beaucoup aimé à la vie à la mort (et le dessin de Lee Weeks)…
    D’ailleurs il faudra que je te demande (encore) conseil…

      • Bonjour
        Je voulais écrire en mp pour pas polluer avec un sujet autre UE celui de la chronique mais j’ai pas trouvé…
        Je ne sais pas si je peux écrire ici ou si je peux avoir une adresse mail stp…

  4. La fin de Gotham Central m’avait un peu tué à la fin de la lecture. Je suis totalement d’accord.
    Par contre je suis surpris : pas d’Invincible dans cette liste ?

    • Comme chacun le sait, Invincible reste une de mes séries préférées en termes de super-héros, mais j’ai des sentiments un peu partagés sur la conclusion. Le dernier épisode est bon…mais il aurait clairement bénéficié de 10 à 20 pages de plus. Trop de points sont laissés non développés par Kirkman : le sort de la mère de Mark, la situation sur Terre en général, la manière dont la relation entre Mark et son fils évolue au delà d’un certain point. Nous avons quelques scènes sur le sujet, mais cela méritait plus selon moi.

      • J’ai adoré la fin, mais un petit épilogue complémentaire ne serait en effet pas de refus (des mini-séries sur le destin de personnages importants ?)).
        Pour la mère de Mark, on se doute de la fin, c’est intelligent d’être passé outre.
        Là, il a choisi de centrer sa fin sur l’évolution “finale” de Mark. Et quand on le connait, on peut se douter de celui de la Terre.
        Ça ressemble beaucoup à la fin de Walking Dead sur le principe.

        Après, il y a tellement de séries avec une bonne fin mine de rien, c’est sûr qu’à un moment il faut trancher.

  5. Bonjour Sam et merci pour cette chronique.
    Pour moi c’est la fin du run de Grant Morrison sur Animal Man qui m’a soufflé.
    Je n’ose pas en parler de peur de spoiler sûrement une de mes meilleures expériences de lecture.
    Bon courage à tous.

  6. Je ne sais pas si ça avait fait sur le site ou si ça peut intéresser un autre que moi mais j’aurais bien aimé avoir des avis de mini arcs ou one shot (pour pas faire trop lourd) style classement de 5 titres dans chaque genre comme histoires de guerre (fury par exemple) d’amour (a la vie à la mort, spiderman bleu) polar (style criminal) , horreur, sf, politique, super héros…

    • Sinon dans les genres que tu cites :
      – guerre : en VO le séries de Ennis : Battlefield et War sorties
      – Amour : Alex + Ada et les séries de Terry Moore
      – polar les séries de Ed Brubaker + Gotham Central
      – horreur : Wytches, Revival,
      – SF : Fear agent, Saga
      – Politique : invisible republic

  7. Merci beaucoup pour les titres. Je ne connais pas certains je vais voir ca et éplucher les chroniques.

    Bonne journée

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