Crédits :
Scénario : J.MIchael Strazcynski/Phil Hester
Dessin : Eduardo Pansica
Couverture :
1 – Don Kramer
2 – Alex Gardner
Éditeur : DC comics
La série : après avoir été grièvement blessée par les furies, Diana se réveille guérie dans une chambre d’hôpital. En outre grâce à l’intervention de Dr Psycho elle commence à prendre conscience de son autre vie…
Avis : après le 609 qui était sans aucun doute le meilleur épisode de la série depuis le relaunch créatif de JMS, ce nouvel opus est loin de maintenir le niveau atteint auparavant. Ma déception fut grande lorsque j’acheva la lecture de ce 610. A nouveau le personnage de Wonder Woman et son univers sont écrits de manière peu inspiré, et l’on voit des éléments auparavant disparus dans les méandres de la continuité réapparaîtrent, à mon grand déplaisir. Bon je préfère vous prévenir tout de suite, l’unspoken n’est qu’un prétexte. Depuis un certain temps je voulais aborder le personnage de Wonder Woman dans une chronique mais je n’ai jamais trouvé la bonne occasion. La déception que représente cet épisode me l’a fourni, et au final l’ensemble des points que j’aborde trouve un écho dans cet épisode.
Qui est Wonder Woman ? : cette question semble-t-il obsède les responsables éditoriaux et les scénaristes de chez DC Comics depuis un bon moment maintenant. A l’inverse des autres icônes comme Batman ou Superman, le rôle, la définition, et l’écriture de ce personnage posent des problèmes à tous les auteurs qui s’y sont frottés. En somme dépourvue d’une perception claire de l’identité de l’héroïne au sein de l’univers DC, tout a un peu été tenté : super héroïne pur jus, puis plus super héroïne notamment dans les années 60, puis à nouveau super héroïne, puis icône du féminisme, puis incarnation de la vérité, puis déesse, puis retour à la case super héroïne.
Cette difficulté à trouver un angle satisfaisant d’écriture du personnage est selon moi dû à son origine extra humaine. Je m’explique, Diana a grandi dans une île isolée du monde, au sein d’une culture dépourvue de tout échange avec la culture extérieure pendant des milliers d’années. Les dernières références humaines remontent à l’Antiquité Grêque, le reste est un produit de la culture amazone sur les milliers d’années qui ont suivi. Donc la première difficulté est bien sur comment écrire un personnage qui ne bénéficie pas des mêmes standards que le reste du monde ? comment écrire une culture qui n’existe pas et produit d’une société immortelle qui en conséquence est dépourvue de renouvellement par les générations ?
Humaniser Wonder Woman : voici la grande obsession des auteurs. Comme ils ne peuvent pas écrire une femme produit d’un système de valeurs différent, les scénaristes successifs vont avant tout tenter d’intégrer de manière accrue le personnage au reste de l’humanité. L’astuce a été trouvé lors du relaunch du titre de lui coller un avatar humain, à l’instar de la série TV elle doit désormais se transformer pour utiliser ses pouvoirs, sinon elle n’est qu’une simple humaine. Si l’on excepte le côté ridicule de “je tournoie sur moi même et pouf j’ai des super pouvoirs”, cette idée a pour avantage de pousser Diana à vivre comme une humaine avec tous les inconvénients sous-jacents : mortalité, vulnérabilité, devoir payer ses factures et donc bosser,…Si l’artifice est amusant 5 minutes, on en atteint vite les limites quand on voit que Diana passe le plus clair de son temps en costume et délaisse vite sa vie humaine. La greffe ne prend pas il faut trouver un moyen de rendre le personnage plus humain et donc plus accessible pour les lecteurs. C’est là qu’intervient JMS.
Son idée de réalité parallèle à la One More Day, a bien évidemment pour but de redéfinir Wonder Woman. Pour cela il modifie son histoire, dans la nouvelle version elle n’a plus grandi sur Themyschira, mais à travers le monde pour échapper à ses poursuivants. Dès lors Diana est le résultat d’un mélange des cultures humaines et amazone. Elle n’est plus étrangère à notre monde, elle en fait partie depuis son enfance et en connait codes et références. En fait on voit vite que la jeune femme, oui elle a manifestement rajeuni de 10 ans dans le processus, a tendance à privilégier la culture humaine et ses divertissements à la culture amazone avec ses rituels et traditions. JMS tenait là une opportunité unique de développer pendant un an cette version puis de réunifier les deux visions au terme de cet arc, au lieu de ça on a eu droit à :
Wonder Woman est en colère : dans chaque épisode Diana est pas contente du tout, du tout, ouh là mais vraiment pas. Outre le caractère simpliste de cette approche, on vient assez vite à en faire le tour. Alors bien entendu on comprend que cela fait partie d’une stratégie de ses ennemis qui sont très très méchants et veulent presque en faire une des leurs….Sauf que l’on commence à retrouver cette version ailleurs. Dans le prochain crossover Flashpoint Wonder Woman, encore une fois dans une version parallèle, va je cite être présentée dans un rôle beaucoup plus agressif. Selon les scénaristes Dan Abnett et Andy Lanning le personnage serait de cette manière fidèle à ses racines amazones… Voilà où on en est : une bande de bonne femmes en colère… Je dirai bien que l’on arrive au comble du cliché, mais non y a encore pire.
Wonder Woman en force de l’ammmmmuuuuuuuuuurrrrrrrrrrrrrr : là je vais spoiler des évènements non encore parus en VF donc couvrez vous les yeux. Lors du crossover Blackest Night, dans des circonstances que je vais cacher pour pas tout vous gâcher, les différents corps de Lantern sont amenés à recruter. Et Diana fait partie des veinard(e)s, on se dit génial on a jamais vu le personnage avec un anneau de pouvoir, alors quel corps rejoint elle ? La réponse est sans doute l’élément le plus raté du crossover. Même si j’adore Geoff Johns, il faut clairement dire que manifestement il n’ a rien compris à ce personnage, puisqu’il choisit pour Diana le Violet Lantern Corps : qui canalise le pouvoir de l’amour…. Le tout enrobé dans cette magnifique explication “Diana est celle qui aime le plus ce monde”. En premier l’idée est cul cul au possible, et en second lieu réduit le personnage à une définition unidimensionnelle simpliste. En ce qui me concerne si Diana devait porter un des anneaux j’aurai dit le Green Lantern Corps, la volonté est plus proche du personnage.
Car c’est bien là le problème de base, qui renvoie à mon premier paragraphe, Wonder Woman n’a rien d’un personnage simpliste. Elle n’est pas juste une fille sexy qui tabasse des méchants en lâchant des laïus.
Assumer l’identité de Wonder Woman : cela signifie assumer la culture dans laquelle elle a grandi, donc développer la culture amazone et ses références, lui donner de l’épaisseur. Oui les amazones sont des guerrières, mais certainement pas de simples machines de guerre complètement abruties qui ont services de chair à canon dans de multiples conflits anonymes et dénués de sens. La guerre en tant que telle n’a pas de finalité. Ce sont les les combattants qui lui donnent un sens, qui la transforment en un combat pour des valeurs. On ne combat pas si l’on a rien à défendre. Comme le dit le dicton ” la justice sans la force est impuissante, mais la force sans la justice est immorale”.
Une telle culture enseigne bien entendu l’art de la guerre, mais aussi la sagesse : quand se battre, pourquoi, dans quelles circonstances, mais aussi quand ne pas se battre, les différentes sortes de combat. On peut vaincre avec ses poings et avec des armes, mais on peut aussi convaincre avec les mots.
Cette dualité de la culture amazone est quelque chose qui a longtemps échappé aux auteurs, si bien que très peu ont réussi à restituer la richesse du personnage. N’étant pas une référence sur la longue carrière de Wonder Woman je citerai comme exemple de réussite le run de Greg Rucka sur la série.
Scénario :
Alors la bonne nouvelle de cet épisode est que l’on en finit avec la Wonder Woman pas contente, mais que l’on retrouve le personnage tel que définit par Geoff Johns. En outre comme elle commence à retrouver ses souvenirs, tout d’un coup elle parvient à étaler sans difficulté des adversaires qui l’avaient vaincue deux épisodes auparavant… Ah oui et puis le retour exaspérant du mois Steve Trevor… dans le genre personnage lourd que j’étais content de ne plus voir il se pose là. Ils partagent une page mais c’est limite si elle ne lui saute pas dans les bras …
Dessin : je sais que beaucoup se plaignent des changements d’artistes, mais comme je ne vois pas beaucoup de différences entre les styles, je n’ai pas été gêné par la partie graphique depuis le relaunch.
Couverture : là par contre j’apprécie beaucoup plus la couverture de Don Kramer qui est magnifique, mélangeant les deux costumes dans cet effet puzzle.
Note : 6/10 – quand vont ils se décider à redonner le titre à Greg Rucka ? En tout cas il serait temps que DC arrête les bêtises.
Ah, je me suis fait avoir en beauté ! Bravo Sam !
Je pensais lire une simple review de WW, et j’ai dû lire un pamphlet sur le personnage … Et c’était très intéressant ! Ça me donne surtout envie de lire le run de Rucka tout ça !
je le conseille. Commence avec le graphic novel Hiketéia , pas besoin d’avoir des connaissances sur wonder woman