Oldspoken VO : Vimanarama

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Crédits :

Scénario : Grant Morrison

Dessins : Philip Bond

Couverture : Philip Bond

Éditeur : Vertigo

vimana1La série : Vimanarama est une mini-série en 3 parties parue chez Vertigo entre avril et juin 2005. L’ensemble a été compilé dans un recueil du même nom en 2006.
Détail à noter : la pagination de chaque numéro est plus importante que le format classique habituel et compte une trentaine de pages (31-32). Le recueil avoisine donc la centaine de pages.

Grant Morisson est un scénariste qui est apparu dans un clip de My Chemical Romance et qui a un accent à couper au couteau. Accessoirement, il a écrit quelques BD dont Sam vous parlera bien mieux (mieux = positivement) que moi.
Philip Bond a travaillé plus d’une fois avec Morrison (Kill Your Boyfriend, The Invisibles), a illustré une mini-série dérivée d’Hellblazer (Bad Blood) et Angel and the Ape avec Howard Chaykin en 2001.

Scénario : Vimanarama prend place de nos jours, à Bradford (Angleterre). Ali y est le fils du tenancier du Kandivali Gulley. À 19 ans, il est un peu le fils à tout faire. Il prend régulièrement sur lui et fait ce qu’on lui dit, coincé entre un père autoritaire qui exagère tout et son envie de ne pas rester éternellement la brebis galeuse de la famille.

Lorsque son grand frère se retrouve coincé sous des décombres dans l’effondrement du plancher de la réserve du magasin, c’est Ali qui vient l’en tirer. C’est aussi lui qui doit le veiller à l’hôpital pendant que son père s’affaire à la boutique et que sa mère est partie à l’aéroport chercher Sofia… la jeune femme promise à Ali. Sa situation et ce dernier événement favorisent les doutes existentiels du jeune homme : Dieu l’aime-t-il ? L’apprécie-t-il même un peu ? Après en avoir discuté avec son frère, Ali en est convaincu : Sofia est un signe de Dieu. Si elle se révèle moche, c’est qu’Ali sera damné. Et si c’est le cas, il se pendra ! Son frère le ramène rapidement sur terre : ce n’est pas Dieu qui le déteste, simplement son père.

En revenant au magasin, il apprend que le bébé de sa sœur a disparu… dans le trou laissé au fond de la réserve ! Prenant encorevimana2 une fois sur lui, il décide d’y descendre avec une lampe-torche et de faire la lumière sur ce mystère. Il y découvre de vieux journaux, des poteries marquées d’écritures arabes, des couloirs taillés dans la pierre et des traverses et des rails – confirmant l’hypothèse de son père qu’il s’agit d’anciennes mines. Et, au lieu d’y découvrir le bébé, Ali tombe nez à nez avec une femme.

Plus étrange encore que sa beauté, le décor alentour est particulièrement… particulier. Un lac, des décorations baroques et un antique ascenseur mènent à une gigantesque cité souterraine au centre de laquelle trône un énorme lotus coloré. Rapidement, Ali réalise que la jeune femme est Sofia, qu’elle n’est pas moche du tout et que l’endroit est une prison d’où des créatures mi-Dark Seid mi-Black Bolt s’enfuient pour déclencher… la fin du monde !

Dessins : Le trait de Philip Bond est maîtrisé. Ses dessins sont stylisés, cartoony tout en étant joliment anguleux. Ses personnages sont très expressifs (et donc attachants) sans aller jusqu’à des dérives à la “mangaricaine”. Bond dessine un Ali aux oreilles décollées et aux yeux de chien battu qui renforce son côté mal aimé et négligé par les siens. Conformément à ce qu’on peut attendre d’un projet issu du folklore indien/hindou, l’ensemble est particulièrement coloré et énergique.

Les couvertures : Les couvertures sont aussi l’œuvre de Philip Bond. Ainsi, pas de surprise : si vous appréciez le trait, l’intérieur ne vous choquera pas (et inversement). Elles mettent toutes en scène Ali et Sofia, le couple improbable de cette histoire qui l’est tout autant.

Avis : Résumer Vinamaram en disant qu’il s’agit d’un comics “Bollywood” serait une erreur. Malgré la splash page d’intro dans laquelle des passantes prennent la pose en pleine rue, jamais on y chante ou on y danse. De même, loin de s’étirer sur trois heures, le récit est très court malgré la pagination conséquente de chaque épisode. D’ailleurs, Ali est autant pakistanais qu’anglais. Et le ton s’en ressent.

Au niveau des passages intimistes, Morrison s’en sort très bien et dépeint des personnages attendrissants. Les dialogues sont efficaces et régulièrement drôles. Les réparties fusent et on peut presque entendre l’accent anglais surjoué.

Par contre, au fur et à mesure que l’intrigue avance, Morrison empile les concepts et entasse les événements avec un chausse-pied. Les grognons habitués du monsieur diront que c’est typique de son écriture. Même si ce n’est pas aussi prononcé que ces travaux plus récents/mainstream, la mini souffre un peu de cette densité narrative (certains rebondissements sont désamorcés avant même d’avoir été développés et ne révèlent donc pas leur pleine puissance émotionnelle et/ou dramatique).

Ceci dit, cette “compression” fonctionne très bien dans le cadre de ce “blockbuster intimiste, anglais et hindou” avec cette fuite en avant vers le prochain rebondissement. Ce bordel délirant (l’apparition des divinités hindoues en armures baroques, l’Apocalypse mondiale, l’asservissement de l’humanité (Final Crisis avant l’heure ?) et un triangle amoureux peu crédible) pourrait dénoter et agacer dans un contexte plus réaliste mais il trouve ici parfaitement sa place.

En tout cas, Vinamarama est parcourue de bonnes ondes. L’énergie et la bonne humeur qui en émanent sont communicatives.

Note : 7/10 – C’est un Check-it à tendance Buy.

A propos Yno 11 Articles
Auteur de JDR (Patient 13, Notre Tombeau chez John Doe), de nouvelles (chez Rivière Blanche, dans Malpertuis III) et de BD (Silences), pigiste (Casus Belli) et chroniqueur (Comixity), mais avant tout savant fou sur www.misterfrankenstein.com

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