Oldspoken VO : Clive Barker Omnibus

Crédits :

Scénario : Clive Barker et Kris Oprisko, Chris Ryall, Chris Monfette

Dessins : Gabriel Hernandez et Gabriel Rodriguez

Couverture : Gabriel Rodriguez

Éditeur : IDW

La série : Publié par IDW dans le format réduit typique des omnibus de cet éditeur (14,9 x 22,8 cm, bandeau blanc sur le côté, couverture souple), l’omnibus de Clive Barker compile sur 444 pages, trois histoires déjà publiées auparavant : The Thief of Always (128 pages), The Great and Secret Show (264 pages) et Seduth (44 pages). Les deux premières histoires sont des adaptations des romans du même nom, la dernière est la version 2D d’un one-shot précédemment publié en 3D.

Si aux scénarios, on retrouve donc à chaque fois l’artiste-auteur d’Hellraiser, d’Imajica et des Livres de sang et les scénaristes chargés de les adapter, aux dessins, on a deux Gabriel. Le premier, Hernandez, a travaillé pour Marvel et signé quelques titres chez IDW (Zombies Vs Robots et The Veil) tandis que le second, Rodriguez, est connu pour son actuel travail sur la série Locke & Key.

Les histoires : Bien qu’il puisse sans difficultés convaincre un lectorat adulte, The Thief of Always est à l’origine un roman jeunesse. On y suit les errements quotidiens d’Harvey, garçon d’une dizaine d’années, qui va se voir proposer par Mr. Rictus un voyage vers un endroit où il fait toujours beau, aux vacances perpétuelles et où l’on ne s’ennuie jamais. Là-bas, de l’autre côté, le garçon va rencontrer d’autres enfants de son âge, s’amuser, beaucoup, longtemps, et découvrir que ce paradis est bien trop beau pour l’être véritablement…

The Great and Secret Show constitue le gros morceau de l’omnibus puisqu’il représente près de deux tiers de l’ouvrage. On est ici dans une saga en 12 épisodes, épique et démesurée, typique d’une certaine période du romancier (Imajica, Everville, le Royaume des Devins) avec des intrigues prenant place dans notre monde et évoluant vers quelque chose mêlant aussi bien le fantastique, l’horreur que la fantasy. Résumer l’histoire n’est pas simple, tant on change régulièrement de point de vue, de personnage principal, tout juste pourra-t-on dire que l’histoire débute avec Randolph Jaffe, un employé d’un bureau de poste perdu. Un personnage déprimant et déprimé dont l’occupation quotidienne est d’ouvrir les lettres perdues, celles qui ne sont pas arrivées à leurs destinataires, et de les trier en fonction de leur contenu. C’est en détaillant certaines de ces missives qu’il va découvrir des références communes à une sorte de magie nommée Art et à une société secrète qui le pratique. Il va alors se lancer dans une quête pour tenter de découvrir les secrets de l’Art et s’approprier son pouvoir…

Seduth est l’histoire la plus anecdotique des trois, non pas qu’elle soit dépourvue d’intérêt mais parce qu’elle est particulièrement compressée en terme de narration et d’autant plus difficile à raconter. Et ce alors même que les idées présentées auraient permis d’en faire une véritable mini-série. On y suit donc le destin d’Harold, un riche homme d’affaires obsédé par un diamant volé lors d’une vente aux enchères et dans lequel il est persuadé d’avoir vu les ténèbres. Son obsession va le transformer, lui et tous ceux qui se mettront en travers de son chemin, jusqu’à lui faire visiter un lieu étrange…

Dessins : Gabriel Hernandez a un trait crayonné et marqué qui sied bien au côté conte pour enfants de The Thief of Always. Les couleurs sont douces et pleines de textures mais savent s’assombrir quand le récit évolue vers une ambiance plus mélancolique et effrayante.

Gabriel Rodriguez est égal à lui-même. Ceux qui lisent Locke & Key ne seront pas perdus. S’il surprend au premier abord par son côté cartoony et un peu anguleux, son trait est suffisamment précis et détaillé et l’encrage acéré pour que l’ensemble soit pris au sérieux. L’artiste livre de superbes compositions de pages et de constructions de cases lorsque le récit le demande et il n’y a guère que la couverture de l’omnibus qui ne soit pas inspirée.

Cerise sur le gâteau pour les fans : dans The Great and Secret Show, l’illustrateur a dessiné Scott Bakula pour représenter le détective privé Harry d’Amour – personnage récurrent des histoires de Barker et que l’acteur incarnait dans le film Lord of Illusions.

Avis : Qui aime bien châtie bien et, au niveau des reproches, sur le fond, il est facile de percevoir les origines littéraires de chacune des histoires de cet omnibus. Les cartouches et autres récitatifs sont légions (je n’ai pas souvenir de lire une BD ou même un graphic novel qui en comporte autant) – surtout dans The Great and Secret Show mais pas uniquement. Les informations qu’ils contiennent ne sous-titrent jamais l’image mais montrent parfois un peu trop ostentatoirement qu’ils sont chargés de raconter des éléments périphériques à l’histoire, des éléments qui ne pourraient trouver leur place dans les 12 x 22 pages du récit. Et c’est dommage, tant il aurait été possible de développer l’intrigue sur 18 ou 24 issues. C’est en tout cas chargé à craquer et ça ne se lit pas en 5 minutes.

Sur la forme, j’ai éprouvé quelques difficultés à lire certaines bulles au fond coloré légèrement transparent (qui servent à indiquer une pensée ou un dialogue télépathique) et que le format réduit de l’omnibus rend plus ardu à déchiffrer. C’est un détail mais ça peut parfois agacer si vous n’avez pas 10/10 à chaque œil.

En l’état, pour le lecteur intrigué qui n’aurait pas encore lu les romans ou les précédentes publications en comics, l’omnibus propose deux excellentes histoires et une plus légère, garnies de fantastique (du vrai, du dur, du tatoué), remplies d’idées folles, parfois très fantasmagoriques et grotesques mais toujours excitantes. Par ailleurs, si l’on peut craindre d’être perdu dans les différents concepts spirituels et termes mythologiques qu’a inventé ou travesti Clive Barker pour ses histoires, les récits reviennent régulièrement sur l’explication de chaque élément pour permettre de s’y retrouver facilement. Même si le fantastique y est peut-être plus direct et mélange les genres, ceux qui chercheraient un palliatif à Locke & Key peuvent s’y essayer tant l’écriture et la représentation visuelle y font parfois penser.

Avec près de 444 pages pour moins de 29,99 $, c’est une affaire et un buy obligé pour les amateurs de fantastique débridé.

Note : 9/10 – C’est un Buy.

A propos Yno 11 Articles
Auteur de JDR (Patient 13, Notre Tombeau chez John Doe), de nouvelles (chez Rivière Blanche, dans Malpertuis III) et de BD (Silences), pigiste (Casus Belli) et chroniqueur (Comixity), mais avant tout savant fou sur www.misterfrankenstein.com

2 Comments

  1. Ah YNO, je ne savais pas que tu était l’auteur de silences chez ankama !! j’ai également publié chez eux, c’était “ovni l’affaire varginha”.
    En tous cas, secret show m’a toujours fait de l’oeil en librairie, là tu m’as donné envie de le choper en V.O. Par contre le format petit n’est pas trop …. petit ?
    ++

  2. Ah excellent. C’est sorti dans la même période que Silences. Je me souviens d’avoir parlé du livre, parce que j’étais étonné (positivement) de la qualité du dessin, très pro dans son trait et sa narration manga (tellement d’occidentaux qui s’y essaient sans y réussir). Et surtout du fait que l’auteur fasse tout : illustration et scénario 🙂

    Secret Show me faisait de l’oeil mais vu le prix et le fait qu’il y ait deux histoires supplémentaires, j’ai voulu tester celui-ci. Pour le format, c’est un peu plus gros que du A5 (14,9 x 22,8 cm). C’est pas le confort optimum de lecture vu qu’il y a énormément de textes (j’ai jamais eu de soucis sur les autres omnibus que je possède, mais celui-ci est quand même assez dense) et c’est le seul vrai défaut que je trouve à l’ensemble.

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