Après avoir abordé dans une première partie le contexte général de la série, son histoire, et ses personnages, je vais tenter d’aborder les plus fortes thématiques qui sont présentes dans ce titre.
La religion
Il s’agit bien sur d’un des thèmes principaux de la série. Avec un titre comme Fallen Angel, il fallait s’y attendre. Le personnage quasi omniprésent dans tous les débats est bien sur Dieu. Chaque personnage de la série a un rapport différent vis à vis de lui/elle.
Lee et Dieu : comme je l’ai indiqué dans la première partie Lee était un ange, qui parce qu’elle a brisé la rêgle du libre arbitre a été déchu. Etant donné son ancienne condition, on lui pose l’inévitable question du sens de la vie, du pourquoi on est là et Dieu dans tout ça ? et la réponse est … comment dire, pas du tout celle qu’on attend. C’est le moins que l’on puisse dire puisque la vérité est que Dieu nous déteste, ben oui. Comme l’indique Lee, après des millions d’années à être l’alpha Dieu n’aspire qu’à tenter le coup avec l’oméga. Petit souci il ne pourra aspirer au repos éternel tant que les milliards de petits êtres que nous sommes continuerons soit à exister soit à le prier continuellement. Donc il/elle a eu une idée, nous balancer désastres sur désastres pour faire en sorte que l’on cesse de l’adorer ou de croire en lui, et qu’on commence à se débrouiller seuls en somme. Après tout quelle espèce serait assez stupide pour continuer à croire en lui/elle alors que les catastrophes s’abattent sans fin sur elle ? Sauf que manifestement on a pas encore reçu le message …Comme vous pouvez le constater Peter David présente une vision sinon hardcore, au minimum cynique qui correspond parfaitement au mode de pensée de son personnage principal
Dieu et Jude : je l’ai indiqué au préalable, Jude, le fils de Lee, a grandi dans un couvent entouré de soeurs. C’est bien logiquement que à l’âge adulte il se tourne vers la prêtrise. Sa foi sera mise à rude épreuve quand il apprendra le plan de Dieu pour l’espèce humaine. Mais malgré cela lors de tout le second volume il tente de s’accrocher à ses principes et de résister à la tentation, notamment charnelle qui lui est présentée à plusieurs reprises. Au terme du second volume il ne restera pas grand chose de ses croyances, en particulier après que Dieu ait “intercédé” en sa “faveur”. J’use de guillemets car on ne peut pas dire qu’il en ressort gagnant.
Il s’agit là des deux opinions principales sur les religions, on peut constater qu’elles tendent à se rapprocher au fil de la série, pour aboutir sur un constat assez peu positif (comme dans la vie en somme). Dans l’ensemble à l’exception du plan de Dieu expliqué par Lee, Peter David évite de prendre trop de risques sur le sujet et surtout de prendre des positions trop arrêtés. Ainsi sur l’objectif de Dieu, même si ce dernier ne confirme pas quand il apparaît dans la série, il ne nie pas non plus. Quant à la question quelle religion est la bonne, là aussi David tend à boter en touche : en gros elles ont toutes raison et toutes tort. Chacune n’a qu’une vision partielle de l’ensemble;. Je pense que le scénariste est un type intelligent, d’une part il sait que la religion est un peu le sujet chaud par excellence, et d’autre part que sur ces thèmes il faut éviter d’asséner une vérité qui se voudrait universelle.
Le bien et le mal :
Il s’agit d’un des sujets les plus importants de la série, et non sans lien avec le thème précédent. En raison même de sa nature et de son activité Lee est à cheval entre le bien et le mal. Elle peut accepter d’aider des gens dans le besoin et agir pour le bien, contre rémunération, mais elle n’hésitera pas non plus à aider un trafiquant de drogue comme Asia Minor. Dans le même esprit Lee n’hésite pas à questionner les vraies motivations de ses clients, alors que leur situation est des plus graves, ou alors on la voit ne pas hésiter à recourir à la torture pour obtenir ce qu’elle veut. Une attitude qui malgré tout va peser sur sa conscience. Au delà des interrogations que connait Liandra, c’est la nature humaine qui est en question dans la série. Des personnages à priori malfaisant peuvent se révéler sous une autre lumière, et adopter des attitudes que l’on pourrait considérer comme honorables. Aucun personnage dans la série n’est vraiment tout blanc ou tout noir.
Le libre arbitre
Quelque part il n’y pas plus éloigné que le libre arbitre et la religion, puisque le but de chaque religion est tout de même de nous dicter un code de conduite, fondé sur un code moral. En outre chaque religion se présente bien sur comme la seule et unique qui compte, ben oui, et pendant longtemps toutes ont vu (ou continuent d’ailleurs à voir ) d’un très mauvais oeil toute personne qui ne partage pas leur point de vue. Pourtant Peter David l’évoque à plusieurs reprises dans la série, notamment à cause de la chute de Liandra.
On apprend ainsi au cours de la série que pour les anges gardiens, l’une des règles les plus sacrés est le respect du libre arbitre et ce quelqu’en soit les conséquences. C’est en violant cette loi que Liandra perd son statut d’ange gardien et “accède” à la mortalité. Mais à mon sens il y a une contradiction, qui je pense est consciente de la part de David. D’un côté Dieu interdit à ses anges d’interférer dans les choix des humains, et de l’autre il cherche à pousser les humains à cesser de croire en lui… Il y a là matière à creuser, d’autant que si Dieu finit par intervenir dans la série, en raison d’évènements se déroulant à la fin du second volume, ses choix et actions restent bien mystérieux… Il est d’ailleurs assez comique que Lee qui se plaint sans cesse de la cruauté du créateur ne s’étonne pas que celui ci décide de s’incarner au travers … d’une petite fille ! Il y a là une contradiction entre l’image même de l’innocence et son absence supposée dans la série d’une quelconque pitié.
D’autres personnages sont confrontés dans la série au poids du libre arbitre et surtout aux répercussions de chaque choix. Il y a bien sur Jude, fils de Lee qui accepte la charge de magistrat malgrè l’opposition de sa mère qui fait tout pour le dissuader avant de le laisser choisir, et surtout le laisser faire face aux conséquences. A ce titre Peter David va montrer la réaction de Jude face aux conséquences de son choix de manière assez intéressante en suivant les étapes du deuil : déni,colère, peur, désespoir, acceptation. Et il ne sera pas le seul à connaître ses étapes, bien que certains choisissent de rester bloquer sur certaines étapes, à savoir la colère.
Voilà un autre thème intéressant en lien avec le précédent, car l’un des choix qui est laissé aux personnages est bien sur la manière d’utiliser le pouvoir qui leur est donné. Lee en premier lieu qui peut choisir d’aider les gens comme de ne pas le faire. Jude qui essaie d’utiliser le pouvoir de la ville pour tenter d’améliorer le monde, mais qui à terme sera submergé par le poids de sa responsabilité, et surtout l’impérieuse nécessité de préserver le statut quo. La charge de magistrat est de ce point de vue intéressante à observer, notamment la manière dont elle peut changer les gens qui tentent de l’assumer. Le pére de Jude lui confiant ainsi qu’il était comme son fils au départ, il avait tenté d’utiliser ce pouvoir pour le bien, avant de voir sa volonté et sa résolution s’effriter peu à peu face aux malheurs et compromissions qu’appellent sa fonction..
Enfin le personnage de Lin représente la dérive face au pouvoir, ce que Lee pourrait devenir si elle emprunte certains chemins. En effet Lin jouait le même rôle que Lee, elle aidait les désespérés de la ville. Mais peu à peu le côté obscure de la ville a fini par la gagner et elle s’est fait submerger par sa colère et son dégoût pour les habitants de Bete noire. Elle céda à son désir de destruction et tenta d’annihiler la ville avec ses pouvoirs sur le feu. Le personnage apparaît au cous du second volume alors que Lee ressort d’une période difficile, après avoir abandonné son enfant. Elle représente ce que pourrait être l’avenir de Lee si elle décide d’utiliser son pouvoir pour déchaîner sa colère.
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