Aujourd’hui, c’est un coup de projecteur que je voulais donner à l’expo “DC Anthologie” de la Bibliothèque Simone de Beauvoir de Rouen.
Depuis le 08 janvier et jusqu’au 09 février, vous pouvez retrouver plus de 75 ans d’histoire de DC Comics ainsi que de nombreux événements tout au long du 1er trimestre 2013. Basée sur l’ouvrage DC Comics Anthologie paru en février 2012, cette expo dévoile de nombreuses couvertures et planches des récits de vos super-héros favoris. Vous pourrez aussi assister à des projections, des rencontres, des ateliers jusqu’en mars dans toutes les bibliothèques rouennaises… suivez le programme !
A l’initiative de ce projet d’envergure, Samuel Mabire, le responsable de l’action culturelle et de la médiation des Bibliothèques de Rouen, qui a accepté de répondre à quelques questions pour nous.
Comment vous est venue l’idée de cet événement ?
Nous souhaitons tout d’abord changer l’image de la Bibliothèque, la « dépoussiérer » en quelque sorte. Il est intéressant de se pencher sur les goûts de tous et ce sujet n’avait jamais été abordé. Notre idée est de développer le thème des héros, tout d’abord les super-héros puis les héros de notre enfance, faisant référence à la culture populaire. Nous nous inspirons de ce que l’on peut voir autour de nous et le sujet est de plus en plus d’actualité, notamment grâce aux films (ce qui ne veut pas dire que les gens deviennent lecteurs de comics ensuite). Nous considérons le comics, avec la BD européenne et le manga comme un genre à part entière, et non un sous-genre.
J’ai lu que cette expo avait été présentée en 2012 au Salon du livre à Paris, quel accueil y a t’elle reçu ?
L’exposition DC Anthologie a été créée par Urban Comics à l’occasion de la parution de l’ouvrage et nous sommes les premiers, après le Salon du livre de Paris, à la présenter en France, d’autres bibliothèques le feront ensuite. Elle permet d’apporter une réflexion supplémentaire sur un genre encore jeune dans le paysage culturel français qui doit faire ses preuves.
Sur le site Rn’Bi il est fait référence à 7 000 BD et mangas pour la bibliothèque Simone-de-Beauvoir, qu’en est-il des comics ?
La bibliothèque Simone-de-Beauvoir, la dernière née des bibliothèques rouennaises, possède un fonds regroupant BD, manga et comics inclus qui totalise un peu plus de 7000 titres sur les 25000 documents proposés. Les bibliothécaires ont maintenant accès à des formations sur les comics : quels sont les auteurs incontournables, comment monter un fonds de comics de référence… Dans chaque bibliothèque, un collègue gère les acquisitions en se tenant informé des sorties. Ainsi, les 6 bibliothèques de proximité rouennaises possèdent chacune leur collection propre.
Avez-vous un public d’habitués ou cherchez vous par ce biais à attirer de nouveaux lecteurs ?
Nous cherchons toujours à attirer de nouveaux lecteurs mais souhaitons aussi proposer des choses différentes, en rapport avec l’actualité et les goûts de tous. En tant que lecteur de comics, j’ai vu le changement, l’acceptation du genre avec les années. Nous voulons prouver que l’on peut être dans le divertissement tout en apportant une vraie réflexion, en déclinant le thème sous différents angles. Ainsi nous proposons, en plus de l’exposition, des ateliers, des rencontres, des projections de documentaires.
Comment avez-vous choisi les invités pour les ateliers et rencontres ?
Avant tout, il était nécessaire d’avoir des intervenants légitimes. Il s’agit de vrais professionnels, avec une réflexion, un art. Abonné à Comic Box, le premier contact pris a été Xavier Fournier, qui nous a ensuite beaucoup conseillé. Notamment par rapport à Julien Hugonnard-Bert, invité à faire découvrir le métier d’encreur et ses techniques. Thierry Rogel, auteur de la Sociologie des Super-Héros, a accepté volontiers de participer, permettant d’ouvrir la réflexion plus avant sur les thèmes abordés dans les comics. Nous avons suggéré à Xavier Fournier une conférence sur les super-héroïnes et la place de la femme dans la société. Jean-Marc Lainé apporte sa pierre à l’édifice avec son livre sur les « années Strange », qui me tient particulièrement puisque mon 1er comics a été le Spécial Strange 36. Nous avons essayé d’avoir un panel assez large.
Jusqu’ici, quelles retombées avez-vous notées ? Peut-on dire que cet évènement est un succès ?
Il y a surtout à noter la facilité avec laquelle notre hiérarchie, nos partenaires, nos collègues, le public se sont appropriés cette thématique. Tous les retours ont été enthousiastes. Ensuite, nous cherchons à surprendre le public, lui proposer des choses inédites, toujours en accès gratuit. Le but est d’être d’avantage en accord avec les goûts du public, sans se limiter à cela, au delà des préjugés. Nous sommes fiers de participer à cette reconnaissance du genre, en montrant que les bibliothèques s’y intéressent.
Pouvez-vous me parler du thème abordé au 2e trimestre: les héros de notre enfance ?
Il est encore en projet mais il va traiter des héros de notre enfance : toujours autour de la culture pop des années 80 entre autres, des héros fictifs des uns et des autres, à travers des intervenants divers, auteurs, romanciers, illustrateurs, scénaristes de bd. Nous proposerons également expositions et ateliers. Tous les sujets peuvent être abordés de manière ludiques et intelligentes, c’est ce que nous essayons de faire.
Vous-même, êtes-vous lecteur de comics ? Que connaissez vous de cet univers ?
Je lis beaucoup de comics et depuis très longtemps. Actuellement plus du DC que du Marvel. J’y suis entré surtout pour le dessin. Je suis sensible au style du dessinateur. J’aime bien Wonder Woman, son origine est amusante. Elle en dit beaucoup sur l’image de la femme, au delà des clichés. Les héroïnes féminines sont très complexes. J’aime beaucoup des dessinateurs comme Jim Lee et Frank Quitely. Dernièrement j’ai lu Y the Last Man de Brian K. Vaughan que j’ai adoré, mais que je ne veux pas quitter, repoussant la lecture du dernier tome. Je suis attaché à la Légion des Super-héros, l’équipe des années 60 et apprécie le genre Space Opera comme Green Lantern et l’univers Star Wars.
Merci beaucoup à Samuel pour sa disponibilité et sa gentillesse. Cet entretien fut très intéressant et très enrichissant pour moi qui rêvais de devenir bibliothécaire quand je serai grande ! Et je salue encore cette initiative qui participe à donner ses lettres de noblesse au comics.
Très belle initiative qui montre que les bibliothèques (médiathèques) françaises ne sont pas toutes poussiéreuses, et que lorsque l’on s’en donne les moyens, il est permis de faire des choses remarquables dans des domaines peu connus et exploités par les bibliothécaires.
Effectivement très intéressant. Il faudrait que je prenne un jour la direction de la ville pour voir si les bibliothèques près de chez moi ont un fond comics ou pratiquent ce genre d’initiatives.
Chez moi (à Reims), la direction de la Culture et du Patrimoine a lancé un atelier bd-manga-comics sur la réalisation d’une planche, 5 jours de stage (1 groupe qui vient tous les a-m pour des jeunes de 12 à 17 ans). Je trouve ça cool !
Dans tous les bons coups décidément notre French Inker 😀