X-Men : Animated Serie – Review d’une série pas si japo-niaise (1/2)

X-Men (Anime)

 

X-Men (Anime)

X-Men : Animated Serie (aussi connue sous le nom de Marvel Anime : X-Men) est le titre de la toute dernière série animée consacrée aux mutants de l’univers Marvel, produit par les studios japonais Madhouse et diffusée à partir d’avril 2011 sur Animax au japon. C’est le troisième titre Marvel adapté par la firme nippone, après Iron Man et Wolverine, en attendant une hypothétique quatrième adaptation avec Blade. Jeph Loeb, ainsi que Stan Lee et Joe Quesada sont entre autres crédités au générique, le premier pour ce qui semble être en qualité de conseiller artistique et les deux derniers en tant que producteurs1.

La série suit les aventures des X-Men, composés du professeur Charles Xavier, de Cyclope, Wolverine, Tornade et le Fauve. Le premier épisode commence à la fin d’un combat épique, après  la mort tragique d’un des membres fondateurs du groupe – Jean Grey en Phénix Noir – au cours d’une bataille qui a dévasté l’Institut Xavier. Les X-Men sauront-il surmonter cette douloureuse épreuve pour faire perdurer leur idéal de paix entre humains et mutants ?

Il s’agit de la cinquième adaptation des X-Men en dessin animé. Le groupe a en effet connu plusieurs adaptations : d’abord par le téléfilm Pryde of the X-Men en 1989, puis par la longue série d’animation X-Men à partir de 1992, qui dura 5 saisons. En 2000, la très controversée série X-Men : Evolution vit le jour aux Etats-Unis mais ne dura que 4 saisons. La dernière tentative d’une série animée sur le thème des mutants date de 2009, avec Wolverine and the X-Men, bonne série dans son ensemble mais malheureusement éphémère, puisqu’elle ne dura qu’une saison.

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Pour ceux qui s’inquièteraient de la qualité de ce nouvel animé, résumons simplement en disant que la série adopte une vision résolument différente des autres versions, avec des graphismes fidèles aux autres travaux des studios Madhouse, soit des personnages japonisés avec raffinement. Bien qu’aux premières images teaser, le doute s’installa que Cyclope n’ait changé de sexe, il n’en est rien en vérité et son changement le plus perceptible se fait plus au niveau mental que physique. Son personnage a moins une mentalité de chef de groupe imperturbable que dans les comics, ce qui en fait un personnage torturé et hésitant, contrastant ainsi avec le caractère bien trempé d’un Wolverine toujours prêt à discuter le bout de gras avec lui, attendant la moindre occasion de sortir ses griffes. Les autres personnages sont plus en retrait, avec un Fauve effacé mais fidèle à l’attitude de scientifique gentleman qu’on lui connaît, et une Tornade plus proche de la version vue dans les films que de celle des comics, ce qui lui sied bien. Enfin, Charles Xavier reste fidèle à lui-même, élément paradoxal du groupe, à la fois inutile sur le terrain, mais indispensable à la cohésion de cette communauté.

Le motif de cette review ne sera pas tant de faire la critique d’une énième visitation du mythe mutant par le biais de l’animation, mais plutôt de comprendre les différentes sources d’inspiration de cette série, que ce soit dans les précédentes adaptations animées, dans les divers comic-books mutants, ou encore dans l’histoire et la culture du peuple japonais. En s’appuyant sur ces bases, la série peut-elle prendre son indépendance au niveau de l’intrigue ? Que sommes-nous alors en droit d’attendre de ce nouvel animé ? C’est à ces questions que nous tenterons de répondre en décortiquant les quatre premiers épisodes de X-Men : Animated Serie.

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Une impression de déjà vu ?

Le premier épisode commence donc en plein cœur d’une confrontation au dénouement dramatique, où – suite à un combat dont on ne saura rien au premier abord (on apercevra à peine dans un coin de l’image une tête de sentinelle, mais il n’en est pas fait mention par la suite) -, l’on voit une Jean Grey aux pouvoirs incontrôlables détruire tout ce qui l’entoure grâce à la force du Phoenix. Si les amis de la rousse incendiaire ne peuvent rien faire pour l’arrêter, ils pressentent que la pauvre femme serait en fait manipulée par un mutant nommé Mastermind, membre d’un certain Cercle Intérieur. Mais à court de temps, ils ne peuvent empêcher la catastrophe de se produire, et Jean Grey finit par s’autodétruire, au grand désarroi de Cyclope et de ses camarades. Cette scène d’ouverture, dont les répercussions nous sont montrées quelques minutes plus tard, peut être considérée comme un flashback introducteur à la situation actuelle du groupe. Suite à cette mort tragique, les membres de l’équipe ont décidé de temporairement dissoudre l’équipe et de continuer leur vie chacun de leur côté. Or, un an plus tard, le professeur Xavier va de nouveau tenter de réunir ses X-Men pour mener l’enquête sur la disparition de jeunes mutants au Japon. Mais les vétérans se laisseront-ils tous facilement convaincre de rendosser le costume ?

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Sans en révéler trop sur le reste de ce premier épisode plutôt de bonne facture, on constatera que le postulat de départ est assez similaire au synopsis du premier épisode du précédent animé tiré de la franchise mutante, à savoir Wolverine and the X-Men. En effet, dans le premier épisode, l’équipe se retrouvait dissoute suite à une attaque psionique menée sur l’Institut, pendant laquelle Jean Grey et le professeur Xavier semblaient trouver la mort. Les premiers épisodes qui suivirent cette ouverture digne d’une tragédie grecque voyaient Wolverine tenter de refonder les X-Men pour préserver le rêve de Charles Xavier. De fait, on retrouve dans le nouvel animé des studios Madhouse une scène pratiquement identique, à quelques exceptions près. Si bien qu’on est en droit de se demander si la série japonaise ne serait pas en fin de compte un énorme soufflé appelé à redescendre assez vite et à devenir une œuvre fade et sans originalité. La série animée japonaise ne serait-elle qu’un vulgaire émule de la version américaine antérieure ? Ce serait mésestimer les multiples sources d’inspiration du japanimé.

Des personnages “étonnants”…

Si X-Men : Animated Serie, et sa cousine américaine se démarquent en partie de la continuité des comic-books mutants, Wolverine and the X-Men semblait lorgner du côté des sagas génoshéennes, tandis que la série japonaise s’inspire plus des histoires modernes lues dans la plus récente version d’Astonishing X-Men. À la fin du premier épisode de l’animé nippon, on apprenait ainsi qu’une certaine Ichiki Hisako faisait partie des mutants disparus au Japon. Au début du deuxième épisode, les X-Men s’envolent donc pour le pays du soleil levant, dans le but d’enquêter sur ces disparitions, et de retrouver la jeune Hisako. On se rappellera que le personnage d’Hisako est apparu pour la première fois dans les pages d’Astonishing X-Men vol.3 #4, sous la plume de Joss Whedon et le crayon de John Cassaday. Il manque pourtant un personnage pour compléter la formation aperçue dans les comics Astonishing, et cette personne fait donc logiquement son apparition dès le troisième épisode de la série.

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Dans leur quête pour retrouver Hisako, les X-Men tombent sur une femme qui se révèle être nulle autre qu’Emma Frost en chair et euh… en chair, ancien membre du Cercle Intérieur, cette cabale qui avait provoqué la mort de Jean Grey lors du premier épisode. Bien que la blonde plantureuse tente de s’innocenter en précisant qu’elle ne faisait déjà plus partie du club à l’époque, la suspicion grandit au sein de l’équipe, notamment chez Cyclope qui croit l’avoir aperçue lors des derniers moments du Phénix Noir. Un voile d’ombre subsiste donc sur le passé de l’ancienne reine blanche du Cercle Intérieur, qui assure corps et âme qu’elle n’est ici qu’en tant que tutrice de la jeune Hisako dans sa tentative de maîtriser ses pouvoirs mutants. Si le personnage d’Emma Frost n’est pas nouveau dans l’univers du comic-book (son apparition date de 1980, en pleine période Chris Claremont), et si à l’époque elle officiait bien pour le Cercle Intérieur du Club des Damnés, elle rejoindra plus tard les X-Men, dans un but de rédemption. Elle fera ainsi partie de l’équipe originale des Astonishing X-Men, dont un arc entier sera dédié à son passé trouble et à sa mentalité fragile, à la limite de la schizophrénie, qui risquerait de la faire rebasculer du mauvais côté et s’attaquer au reste du groupe. Dans un souci de fidélité par rapport à leur source d’ inspiration et malgré une explication quelque peu légère, la présence d’Emma Frost est donc partiellement justifiée aux côtés de la jeune Hisako, et toutes deux rejoindront sans conteste à terme le reste de l’équipe. Mais si la formation du groupe trouve sa légitimité dans le comic-book Astonishing X-Men, qu’en est-il de la trame narrative ?

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Idées garanties d’origine écossaise…

Dès les épisodes suivants, certains indices laissent penser que la série initiée par Whedon et Cassaday n’est pas la seule œuvre marvellienne ayant inspiré l’animé japonais. La suite du story arc permet au contraire d’envisager qu’une autre période des X-Men aurait servi de base à la fondation du scénario de l’animé. La première preuve tangible nous est fournie au cours du deuxième épisode, lorsque Wolverine évoque la possibilité que les kidnappeurs de mutants pourraient être les U-Men. Pour les fans de la franchise mutante, ce nom rappellera sans doute le début des années 2000, quand – sous la plume de l’écossais Grant Morrison – un humain du nom de John Sublime tenta de prélever des organes mutants pour les greffer sur des humains, afin d’acquérir leur pouvoir. Ici, il s’agit en toute vraisemblance d’un scénario similaire auquel nous assistons, cependant la ressemblance s’arrête là. En effet, on se rappellera que les U-Men du comic-book prélevaient des organes mutants pour les utiliser sur eux-même et acquérir des pouvoirs dont l’évolution les avait privés. Or dans l’animé qui nous concerne, les “bénéficiaires” des pouvoirs mutants ne sont pas des personnes intéressées, mais bien des cobayes humains utilisées dans un but imprécis, peut-être celui de monter une armée aux objectifs encore inconnus. On ne peut donc pour le moment pas confirmer ou infirmer qu’il s’agisse bien du même groupe que celui apparu dans les comics, ni que John Sublime soit à la tête de cette organisation. Les visages de certains antagonistes sont bien dévoilés par la suite dans la version animée, mais s’agissant encore d’une menace fantôme, il n’est à aucun moment fait mention des noms de ces ennemis.

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Peut-on dès lors affirmer que la seconde source d’inspiration de l’animé se trouve dans les histoires écrites par Morrison, le scénariste qui a donné une nouvelle direction aux titres X à partir de 2001, rebaptisant même l’une des séries New X-Men ? L’argument serait un peu léger si le nom de U-Men était le seul emprunt fait aux scénarios développés à cette période par l’auteur. Heureusement, le sujet abordé au cours du quatrième épisode permet de confirmer cette hypothèse, puisqu’il y est question de… seconde mutation ! Il s’agit ici encore d’un élément apporté par Grant Morrison, lors de son run, bien qu’il fut cependant minimisé voir délaissé par la suite. Mais rappelons le principe : Après avoir souvent développé leurs pouvoirs latents dans leur adolescence suite à un évènement traumatisant, les mutants connaissent parfois une seconde mutation généralement lié à un nouveau traumatisme. Cette nouvelle manifestation de leur distinction génétique peut aussi bien se concrétiser par une métamorphose physique, comme pour le Fauve, que par l’apparition de nouveaux pouvoirs, à l’image d’Emma qui peut soudainement se transformer en pur diamant vivant.

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Cependant, ces nouvelles mutations ne sont pas sans danger, et sont souvent assez mal vécues par leurs propriétaires. Ainsi, Emma ne peut plus utiliser ses pouvoirs télépathiques lorsqu’elle est sous sa forme de diamant. Dans l’animé japonais qui nous concerne, on retrouve la même intrigue lorsque Emma se change en diamant pour sauver la vie d’Hisako. Il est donc clair dès lors que les histoires écrites par Morrison pour le comic-book ont indéniablement servi de source d’inspiration à l’intrigue de ce début de série, tout comme elle avait déjà servi de thème à un épisode mineur de l’animé X-Men : Evolution, il y a quelques années (lorsque le personnage de Spike se voyait transformer en porc-épic géant). Mais ce qui pourrait s’avérer n’être une nouvelle fois qu’un ressort scénaristique pour le temps d’un épisode, va devenir dès lors un élément d’intrigue à approfondir. Mais ce thème seul suffira-t-il à faire l’originalité de la série japonaise ? La solution pour se démarquer du reste des productions animées sur les X-Men ne serait-elle pas de faire preuve d’originalité ?

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Voilà pour les origines de ce nouvel animé estampillé X. Dans la deuxième partie, j’aborderai les singularités que présente le dernier-né des studios Madhouse par rapport aux autres productions Marvel sur les X-Men.

 

1 Ceci n’est qu’une supposition, leurs rôles respectifs étant écrits en japonais pendant le générique.

A propos Jean-Lau 20 Articles
Fan #1 devenu au gré des rencontres membre de l'équipe, il partage ses coups de cœur comics, cinés et animés ainsi que sa passion pour la bande dessinée en général.

2 Comments

  1. C’est marrant comme la période génération X d’emma frost qui a duré 5 ans a été complètement oublié, elle avait déjà trouver la rédemption à l’époque…

  2. Et bien, chapeau pour l’analyse, tu m’as donné envie de suivre cette série, malgré mes aprioris de départ.

    Par contre, j’espère que cette nouvelle adaptation parviendra à trouver sa route, car elle s’inspire tout de même beaucoup de ce qui a été fait, ce qui n’est pas une mauvaise chose non plus.

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