[Unspoken VO] The Sandman : Overture #1

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sandman_overture_coverCrédits :

Scénario  : Neil Gaiman

Dessins : J.H. Williams III

Couleurs : Dave Stewart

Couvertures : J.H. Williams III (Cover A et variant N&B 1:100), Dave McKean (Cover B et variant N&B 1:100)

Éditeur : DC (Vertigo)

Date de sortie : 30 octobre 2013

Enfin! C’est le cri mêlé d’excitation et de fébrilité que j’ai poussé dans mon comic shop quand j’ai (enfin, donc) eu entre les mains ce Sandman Overture. Il faut dire que le projet de préquelle à la célèbre série Sandman a été annoncé en… juillet 2012, Steve vous en parlait dans une news sur la San Diego Comic-Con. Il paraîtrait que le principale frein à la sortie de cette mini-série en 6 numéros se limitait à des histoires de contrat et de gros sous. En effet à l’époque de Sandman, Neil Gaiman était moins bien payé chaque mois en tant que scénariste que Dave McKean pour ses couvertures… Et aujourd’hui, romancier au succès international, le monsieur a d’autres exigences qu’à ses débuts! Dans tous les cas l’auteur a semble-t-il eu des plans pour cette histoire depuis très longtemps et ambitionne de surprendre les lecteurs avec des concepts et mystères jamais exploités dans sa série mère.

Mais trêve de considérations trop terre-à-terre, et plongeons-nous dans le Royaume du Rêve…

Sandman Overture a donc pour objectif de nous expliquer comment Dream a réussi à se faire emprisonner pendant par un groupe de magiciens occultes pensant capturer la Mort en 1916. Le statu quo de Sandman #1 en 1989 n’avait jamais été expliqué alors que c’est exactement celui-ci, et les 70 ans qu’il passe enfermé, absent du monde et de son royaume des rêves, qui permettent à Gaiman de développer sa série. On y découvrait un Morpheus nouveau, enfin libéré de sa geôle, et dont la perception du monde, de ses collègues Endless et de ses propres actes passés sont profondément bouleversés.

L’enjeu était donc déjà élevé. La nature même d’une mini-série préquelle est risquée : L’auteur allait-il pouvoir rester fidèle à sa création originale, sans trahir ce qu’il a créé au long de 75 numéro magistraux et plusieurs mini-séries? S’il avait parfaitement décrire les aventures Sandman nouveau, allait-il parvenir à nous faire s’attacher à ce personnage plus dur, le monarque du Rêve intransigeant qu’il était avant sa captivité?

Je ne peux malheureusement trop en dire sur l’histoire de ce premier numéro. On y perçoit un enjeu très important, mis en scène dès la page d’ouverture et ce Morphée extra-terrestre, agonisant, vu à travers des pages hallucinées que ne renierait pas Alan Moore dans ses plus cosmiques épisodes de Swmp Thing. Le Rêve est en danger. Les Endless, à commencer par Death le sentent. Dream, lui, continue son travail commencé à l’aube de l’humanité, et sur laquelle il porte un regard plus intransigeant qu’après ses 70 ans d’incarcération. L’apparition du Corinthian nous le rappelle avec effroi.

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Ce premier numéro sert de mise en place, nous présente la situation de Morpheus en 1915, et nous permet de replonger dans son univers, grâce à l’apparition des principaux Endless, du Royaume du Rêve, de Lucien, Mervyn Pumpkinhead,… Les lecteurs de Sandman sont en terrain connu et y plongent avec délice . Les néophytes ne sont pas perdus puisque chaque personnage est présenté de manière très pertinente, en servant toujours le récit et sans lourdeur. La narration de Gaiman est relativement lente mais très belle et sans artifices. Le charme opère dès la première case et on ne lâche plus ce numéro  jusqu’à la dernière page.

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Evidemment, on ne peut attibuer l’efficacité de ce comic au seul talent de conteur de l’auteur. J.H.Williams III réalise l’ensemble des illustrations et son travail est absoluement incroyable. On connait le talent de l’artiste, qui a une maîtrise technique quasi-parfaite, est capable de dessiner à peu prêt tout et fait preuve dans ses travaux d’une grande inventivité dans les découpages et angles de vue. Ici il est au zenith de son talent. Chaque séquence du numéro dispose d’une identité graphique propre, à chaque fois inventive et au service de la narration. Loin de fractionner le récit, les scènes se lient et s’entrecroisent grâce à des cases (faut il utiliser ce terme avec cet artiste?) les plus inventives qu’il m’est été donné d’admirer dans un comic moderne. Lisez ce numéro et comprenez pourquoi cet artiste est très souvent cité comme l’un des plus talentueux de notre époque.

Ce comic est sans doute son meilleur travail à ce jour, sans doute parce qu’il est au service d’un auteur de génie. Ce duo fonctionne en effet parfaitement, au point qu’on se demande pourquoi J.H.Williams n’a pas travaillé plus tôt sur Sandman tellement son inventivité, son style gothique tourne à plein dans l’univers du Rêve, qui a parfois souffert de dessinateurs pas à la hauteur du challenge de le représenter efficacement. Il ne faut pas oublier le travail de colorisation de Dave Stewart, qui est en parfaite harmonie avec les crayons de J.H.Williams et rend l’atmosphère de l’oeuvre encore plus palpable.

Et comment ne pas parler de cette quadruple page finale, magistrale… Je n’en dis pas plus.

Il est facile de rester béat d’admiration et de perdre tout sens critique quand on rassemble dans un comic une équipe prestigieuse et un titre qui est pour beaucoup le plus grand comic de l’histoire. Au risque d’être traité de fanboy, je ne trouve presque aucun défaut à ce comic. Malgré un numéro introductif, l’ambiance est parfaitement posée, les personnages bien écris, et c’est un régal pour les yeux. L’enjeu est mystérieux le lecteur pendu à la suite. Son seul manque : une sortie bimestrielle, voulue en raison de la lenteur du dessinateur. Mais c’est un mal pour un bien, tant son talent explose ici. Et un prix de 5$, mais nous avons droit à plus de pages que d’habitude et une belle couverture glossy dont DC nous a habitué depuis peu. Enfin, les publicités à l’intérieur sont moins nnombreuses et disposées en double pages afin de ne pas troubler l’oeil du lecteur (et point de pub pour la dernière comédie américaine du câble, ici que des réclames sur des publications Vertigo!).

The Sandman : Overture #1 est un évènement, selon moi la sortie de l’automne (de l’année? non je ne suis pas un fanboy je vous le jure!), un comic-book d’une très grande qualité, à conseiller aux amateurs de Sandman comme aux néophytes. Un énorme coup de coeur.

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A propos Florent 50 Articles
S'est plongé dans les comics sur le tard, en 2012, et n'en est pas ressorti depuis. A un faible pour Vertigo. Joue aussi de la basse, mais ça n'a rien à voir. Contrairement à Nonö, il n'a pas de chapeau.

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