Warbeaker de Brandon Sanderson.
Ouhhhh là vache, que j’ai eu du mal à le terminer celui-là !!! de tous les livres de Sanderson que je me suis enfilé ces derniers mois, et je m’en suis envoyé un certain nombre comme vous avez pu le constater, celui-ci fut sans doute le plus ardu à terminer. Non pas par sa difficulté…mais parce qu’on passe la bonne moitié du bouquin à s’ennuyer ferme. La faute aux deux personnages principales que l’on a juste envie de baffer sur les 500 premières pages avant un twist vraiment surprenant qui rend tout d’un coup le récit bien plus intéressant.
A la base nous avons une histoire de princesses et le risque d’une guerre entre deux royaumes autrefois unifiés. On s’intéresse plus particulièrement aux personnages de Siri et Vivenna. L’une est la cadette de la famille royale d’un petit royaume pauvre et austère. Ne disposant d’aucun rôle officiel, elle passe le plus clair de son temps à défier l’autorité familiale de manière relativement espiègle pour une jeune femme de 17 ans. L’autre est la première fille, la sage, promise en mariage par le biais d’un traité de paix au Dieu roi de la nation rivale et voisine. Sauf que, tout dérape quand le roi ne peut se résoudre à envoyer sa fille favorite dans le lit d’un être qu’il considère comme un monstre et dans le même temps ne peut risquer la guerre avec une nation qui dispose de troupes par dizaine de milliers composées de ce qui en gros sont des zombies…
A la place de Viviena, il envoie donc Siri. Officiellement il n’a pas rompu le traité. Même s’il sait que cette ruse ne durera guère, il espère qu’elle lui fera gagner le temps nécessaire pour préparer cet affrontement jugé inévitable. Il envoie donc une Siri sans expérience épouser le souverain de nature divine, car mort et rappelé à la vie, de la nation ennemie. Sauf que bien vite Vivenna ne peut accepter cette décision et décide de partir à la rescousse de la frangine.
Encore une fois, Sanderson crée un monde à part entière, avec ses nations, son histoire, ses cultures, ses religions et surtout son système de pouvoirs basés sur le concept de Souffle. Ceux ci, souvent comparés à l’âme peuvent être transmis et alimentés des capacités sur humaines, rallonger la vie, épargner de la maladie, accélérer la guérison et accroître les perceptions visuelles et sonores. Il faut un certain temps pour comprendre ce nouveau système bien moins spectaculaire que l’allomancie crée dans Mistborn du même auteur. Mais il peut se montrer efficace par moment. Outre ce système assez étrange à appréhender, le principal problème de ce roman de presque 1000 pages recèle sans conteste dans ses deux personnages principaux.
Dans toute la première partie du roman, Siri se distingue par sa superficialité et son manque de jugeote. Quant à Vivenna…disons que si l’on devait illustrer dans un dico l’expression “balais dans le cul de taille de la Tour Eiffel”, elle serait une bonne candidate. Jeune femme passablement arrogante, à l’esprit étriqué et quelque peu condescendante, on comprend vite que le sort de sa sœur n’est pas ce qui la préoccupe mais plutôt son statut. Toute sa vie elle s’était préparée au sacrifice de sa personne, c’était son statut, son honneur, et en réalité sa fierté cachée. Sans cela il ne lui reste pas grand chose et on passe une bonne partie du roman à ne pas franchement pouvoir l’encaisser.
Heureusement dans cette première partie, il y a des passages et des personnages qui sauvent un navire en perdition. Tout d’abord en la personne du Dieu Chanteflamme, qui ne croît pas être un Dieu et se distingue plus par son indolence, son sens de l’humour et son charme que par une quelconque divinité. Chaque passage où il apparaît relève immédiatement le niveau. Lui qui ne veut rien avoir à faire avec les affaires de la cour et surtout ne veut rien faire et surtout pas bosser, va assez vite se trouver au centre des choses malgré lui. Outre Chanteflamme on n’oubliera pas les mercenaires qui accompagnent Vivenna, aussi truculents que Chanteflamme à l’esprit bien tourné qui créent un contraste saisissant avec la terne Vivenna. Et bien sûr il y a Vasher. Figure fantomatique dans cette première partie. Et c’est bien là un des soucis du livre.
Sanderson se garde de côté ce personnage essentiel, qui détient les clés du récit. Pendant 500/600 pages, on se demande un peu pourquoi l’auteur l’utilise et quels sont ses objectifs. Et puis il y a le basculement de la seconde partie. Dans un twist que je voyais venir, Sanderson nous révèle que tout ce nous pensions était faux, fait tomber les faux semblants et nous révèle qu’une bonne partie de l’histoire nous échappait. A partir de ce moment, Siri et Vivenna apparaissent sous une autre lumière. Siri devient alors bien plus capable, noble et maligne que ce que l’on pensait. Tandis que Vivenna révèle un potentiel inattendu et devient beauuuucoup plus intéressante.
Mais même cette deuxième partie a des défauts. Fidèle à ses habitudes, Sanderson fait s’emballer le récit sur les 200 dernières pages. Tout d’un coup, tout s’accélère et tout ce qui a été mis en place jusque là révèle son importance dans le dénouement. Mais même avec des révélations en série et pas mal de réponses, on conserve le sentiment qu’une grande partie de l’histoire nous échappe.
A trop vouloir se concentrer sur Siri et Vivenna, Sanderson finit par traiter comme secondaire des éléments essentiels à la compréhension de l’intrigue. Malgré tout cette seconde partie relève incontestablement le niveau et alors que je peinais vraiment sur la première partie, j’ai pu lire la seconde en quelque jours sans aucune difficulté. Et à la lecture des dernières pages, on enchaînerait sans problème sur une suite. Le sentiment est moindre que sur Elantris où là il faut une suite car des éléments importants de l’intrigue ne sont pas résolus. Mais cela serait sympa de replonger dans ce monde et de suivre l’évolution des survivants maintenant que nous appréhendons de manière plus claire ce monde.
Note : 7/10 – moins réussi que les autres Sanderson, mais cela reste une bonne lecture.
Le livre est disponible en format poche pour 9,6€.
Il est disponible gratuitement en VO sur le site de sanderson.
Il a été mon premier roman de sanderson.
C’est une oeuvre de jeunesse qui montre la “patte sanderson”.
Après avoir lu les 2 tomes VO des ” Stormlight Archives”, je m’aperçoit de la progression de sanderson par rapport aux critiques que tu formules sur warbreaker.
Et d’ailleurs, le multivers de sanderson fait que la suite de warbreaker ne se prolonge pas où on l’aurait cru ^^