Oldspoken VO : Deathmatch Vol 1

Deathmatch_01_preview_Page_1Deathmatch, le jeu de la mort

Scénariste : Paul Jenkins

Dessinateur : Carlos Magno

La mort n’existe pas. Du moins, pas dans les comics. Les morts spectaculaires de Superman ou Spider-man ont un écho dans les médias grand publics, mais aucun lecteur de comics n’est dupe pour croire que des personnages de la culture populaire, qui existent depuis plus d’un demi siècle pourraient disparaître.

Deathmatch, une série de Paul Jenkins chez Boom studios, envisage le postulat inverse. Elle crée des personnages, ersatz des grandes figures archétypales des super héros, pour mieux les faire se massacrer et surtout s’interroger sur le sens de la violence et de la mort dans les comics. Ces affrontements se doublent d’une intrigue sur les mystérieux organisateurs de ces combats et surtout leur sens.

Depuis l’Antiquité et les spectacles de gladiateurs du Colisée, l’espèce humaine a toujours aimé observer des duels à mort. Cette violence a profité des médias modernes pour se diffuser, comme le prédisait Robert Schekley dès 1957 dans Le prix du danger ou Stephen King dans Running Man en 1982. Deathmatch, nous offre donc un tournoi à mort entre des super héros, retransmis sur des écrans géants. Cette série se rapproche en ce sens d’Avengers Arena, adaptation comics du manga Battle Royale, dans l’univers des Avengers.

Deathmatch_03_CVAMais Jenkins fait particulièrement preuve d’ingéniosité en réemployant les grandes figures des super héros dans une version légèrement déformée afin de ne ne pas attenter à la propriété intellectuelle. L’auteur excelle particulièrement dans ce type d’exercice, lorsqu’il avait créé ex-nihilo, voici quelques années, un Superman pour Marvel en la personne de Sentry. Il répond ainsi aux rêves les plus fiévreux de tout fan de comics de voir Hulk affronter Batman ou Superman anéantir le Punisher. Un hommage appuyé au Rorschach du Watchmen d’Alan Moore s’incarne au travers du personnage de The Rat. On retrouve ainsi la figure du détective, en marge des héros, qui cherche à comprendre, quitte à utiliser les pires méthodes. Le dialogue entre la version de Batman et celle du Joker est lui aussi tout à fait savoureux. Dans le même esprit on appréciera tout particulièrement l’hommage de Whilce Portacio à Iron man sur la couverture du troisième numéro. La proximité induite par cette caractérisation et les magnifiques dessins de Carlos Magno rendent l’oeuvre tout à fait attachante. Le comics se permet même de se moquer de la continuité des deux grands en introduisant de vraies fausses biographies des héros avec des références complètement fantaisistes à leurs premiers numéros d’apparition.

Deathmatch_02_preview_Page_3Jenkins introduit même une interactivité à travers son comics, car il est possible de parier sur les résultats des matchs dans certains comic shops américains. Il mêle ainsi pari sportifs et la figure du tournoi, présente dans la culture populaire, d’Opération Dragon de Bruce Lee à Immortal Iron Fist de Matt Fraction et Ed Brubaker en passant par le Dragon Ball d’Akira Toriyama. Une double page récapitule ainsi à la fin de chaque numéro le tableau du tournoi avec les vainqueurs et les vaincus. Le concept s’inspire également de Secret Wars ( Guerres secrètes en VF) de Jim Shooter en 1984 où l’ensemble des protagonistes de l’univers Marvel, héros et vilains confondus, se retrouvaient sur une planète pour s’affronter. Ce récit constituant à cette occasion la matrice des crossover, chers aux grands éditeurs.

Paul Jenkins, nous offre une lecture à différents degrés qui nous permet de nous interroger sur le sens de la violence dans les comics et sa fonction cathartique. Il montre l’étendue du pouvoir des créateurs de comics qui jouent en permanence avec la vie et la mort de leurs créations pour satisfaire un public avide de sensations fortes. Il nous renvoie à notre propre fascination pour la violence à travers certaines représentations très graphiques et tente de nous faire croire, à travers cette série, que la mort existe… dans les comics.

Série encore en cours (7 numéros sortis)

TP Vol 1 dispo (comprend les épisodes 1 à 4) 10€

2 Comments

  1. Merci pour cette review qui donne très envie de tenter cette série ! Les séries avec des pastiches des héros DC et Marvel ne manquent pas depuis quelques années, mais cette série-ci semble se démarquer du lot vu ce que tu en dis. Le scénariste a-t-il déjà dit combien d’épisodes la série devrait compter ?

  2. Merci Marti. Pour l’instant Paul Jenkins n’a rien précisé, mais le numéro 10, sollicité pour Septembre 2013 précise qu’il ne reste plus que quatre combattants. Je prédis donc un arrêt entre le numéro 12 et 15, mais ce n’est qu’une supposition (Cela devrait donc faire trois – quatre TPB pour les reliés).

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