Vous n’avez pas pu y échapper cette semaine, si vous lisez des comics, DC a annoncé le relaunch de son univers. Oui, manifestement il ne faut pas dire reboot, je sais pas trop pourquoi. 52 nouveaux numéros 1 débarqueront donc en septembre, ce qui selon les calculs savants de certains sites représentent plus de 155$ (environ 110€) de comics. Il est bien entendu que nous allons tous claquer une telle somme uniquement pour acheter des comics DC…. Pour moi il s’agit d’une tentative désespérée de DC pour relancer l’intérêt pour ses bouquins, mais aussi pour les comics en général, en attirant l’attention des médias grand public. Et on les comprend à la vue de l’état du marché. Il y encore trois ans toutes les grosses séries passaient la barre des 100 000ex, aujourd’hui il vous faut le gros crossover bien massif pour y arriver.
Mais ce n’est pas la première fois qu’un éditeur tente le tout pour le tout pour essayer de vendre ses comics, voyons les plus mémorables, ou les plus désespérés comme vous voulez :
5 – Euh tous les relaunchs Marvel depuis 10 ans !
Le pourquoi du comment : depuis 10 ans Marvel a pratiquement relaunché tous ses titres au moins une fois, voire plusieurs fois. Tous ? non car un irréductible résiste encore et toujours aux méchants éditeurs ! En effet dans la tempête seul Uncanny X-Men n’a pas, encore, été relaunché. Dans sa dernière interview à CBR, Tom Brevoort a quand même annoncé que ce n’était pas exclu dans l’avenir.
Cette manie quasi incessante de relauncher en permanence, démontre l’incapacité de Marvel de maintenir un niveau de qualité satisfaisant sur ces principaux titres pendant une période de temps importante. On en est arrivé au point que n’importe quelle excuse est bonne pour ramener un titre au numéro 1. Quoi ? les X-Men vont affronter des vampires, vite un nouveau titre. Quoi ? Wolverine va en enfer ? vite relançons !
C’est bien gentil tout ça, mais à force de recourir à cette technique, on sent bien que les effets bénéfiques sur les ventes que pouvait avoir une relance sont de moins en moins pérennes. Si l’on observe les relaunch les plus récents, les Vengeurs et la ligne Ultimate il y a 18 mois, on se rend compte que une fois passé le numéro 1 les séries sont revenues au niveau des ventes des séries remplacées ou des volumes précédents. A force Marvel, et DC, comprendront que c’est le contenu qu’il faut soigner, et que le numéro sur la couverture est secondaire. Un numéro 427 peut être autant une porte d’entrée qu’un numéro 1 si il est bien écrit.
Par exemple, le récent relaunch de Thor par Fraction et Coipel. Si vous avez écoutez Bunny et Steve lorsqu’ils ont parlé du titre, vous savez que même eux, qui lisent des comics depuis un bail, et connaissent Thor, n’ont rien compris à l’histoire
4 – Heroes Reborn
En ces lointaines années 90, au cours desquelles les dinosaures sont revenus sur terre, où il y avait en France “une fracture”, où je commençais à me faire larguer par les filles, et où on bouffait des pommes au point de se faire gerber, la crise des comics a commencé.
Au milieu des ces années là les vengeurs ne se vendaient pas, si juré, même que les X-Men se vendaient super bien, sans déconner. Désespérés les éditeurs Marvel décidèrent d’appeler les artistes Image à la rescousse pour relancer les ventes de leur figures historiques. Au terme du crossover Onslaught, les vengeurs, les Fantastiques et consorts étaient donc expulsés sur la Terre Image.
Tout ce petit monde s’est retrouvé avec des dessinateurs super stars au dessin …. pour 6 épisodes, et pour revivre leurs premières aventures. Il est vite apparu que les Jim Lee, Rob Liefeld et leur petits copains ne pouvaient tenir les délais, et surtout assurer les ventes sur le long terme. L’opération “virons ces gugusses et rappatrions toutes nos fran… euh je veux dire nos persos adorés” (aussi appelée Heroes Return) pouvait alors débuter. Il fallut l’intervention de Peter David pour réussir un pari pas évident. Par la suite Marvel a assez bien géré le coup, en donnant à ces héros des équipes créatives à la hauteur.
Au delà de la blague, Heroes Reborn représente la plus importante tentative de reboot que l’on connaisse. Et nous pouvons voir comment cela s’est terminé… Espérons donc que DC a retenu les leçons de cette aventure.
3 – One year Later
Le pourquoi du comment : à l’issue de Infinite Crisis, DC décide de projeter tous ses titres un an dans l’avenir. Ainsi l’ensemble des séries débute en même temps de nouveaux arcs. L’éditeur pense par la même créer une porte d’entrée parfaite pour de nouveaux lecteurs. Ce qui apparaissait comme une assez bonne idée va vite virer au quasi n’importe quoi.
Tout avait pourtant si bien commencé ! Identity crisis avait ouvert la porte à une série d’évènements parfaitement agencés par DC. On avait alors l’impression d’être sur une route très bien balisée, à nous demander ce que les scénaristes DC allaient nous balancer : entre la mort de Blue Beettle, WW qui se met à tuer, et Batman qui s’enfonce dans la paranoïa et espionne ses collègues,… pendant deux ans ça n’a pas arrêté. Le tout devait logiquement culminer dans Infinite Crisis, à l’issue duquel on pouvait créativement relancer tout l’univers DC avec One year later.
L’idée était bonne, l’exécution bien moins. On sentait déjà que quelque chose n’allait pas vers la fin de Infinite Crisis, où les responsables éditoriaux se sont mis à imposer des décisions à Geoff Johns pratiquement au dernier moment, comme la disparition de Wally West et la mort de Superboy. Ensuite on s’est rendu compte que les responsables DC avaient profité du bond d’un an, pour annuler purement et simplement pas mal d’évolutions connus par l’univers DC ces dernières années. Ainsi dans Batman, toutes les évolutions intervenues depuis des années ? jetées aux orties. On revenait au statut quo historique, une belle et superbe page blanche … Dans les autres titres, ce bond a perturbé les plans de pas mal d’auteurs, qui ont du stoppé des histoires en plein milieu. Quant à d’autres titres, en voulant présenter un nouveau statut quo, ils ont rendu les choses illisibles pour tout nouveau lecteur.
Enfin, et on peut penser que ce phénomène affectera le prochain relaunch DC, les plus gros titres ont écrasé les plus petits. En effet les fans ne pouvaient tout acheter et se sont avant tout tournés vers les plus grosses séries, délaissant les titres plus secondaires.
2 – La crise chez DC : on efface tout et on recommence
Le pourquoi du comment : en 1985, DC c’était le bordel, ils se faisaient étrier par Marvel en terme de ventes, et à force de terre parallèles les auteurs eux mêmes ne savaient plus ce qui était dans la continuité ou pas. Après 45 ans il était temps de faire le ménage, notamment dans les éléments du Silver age, alors considérés comme ringard dans ces tristes années 80. Il fallait faire dans la réaliste alors. Donc aux chiottes la continuité, on efface tout et on recommence et cette fois on recrée l’univers DC en mieux, et pour les 50 années à venir. Enfin quelques années en tout cas, car avec Crisis, DC a ouvert la porte à toute une série de réécritures.
On se retrouve 20 ans plus tard avec des auteurs qui se disent “eh le Silver Age c’était pas mal au fond, ramenons tous ces éléments” “Ouais super idée, et reconstruisons l’univers DC en même temps”, ça a donné Infinite Crisis. Le cycle s’est achevé avec Final Crisis, qui lui n’a rien réécrit. En fait Grant Morrison en a même profité pour critiquer cette manie de la réécriture par DC dans son récit. (ben oui les monitors qui changent l’histoire de quoi vous croyez que c’est la métaphore ?)
Chaque crise a été bien entendu suivi de nouveaux titres, nouveaux numéros 1, et surtout nouvelles origines… Un coup Superboy faisait partie de la Légion un coup non, et puis finalement oui. Ensuite Wonder Woman membre fondateur de la Ligue, oui, non oh et puis oui au fond … Ça fait mal à la tête à force. En ce qui me concerne cette perception d’une continuité jamais fixée est ce qui m’a empêché d’adhérer à DC pendant des années, car on ne savait jamais sur quel pied danser. Chaque année on se demandait :”euh ce que j’ai lu il y a six mois, c’est encore dans la continuité” à quoi on répondait “allons, allons, tu n’as pas lu le tie in 432 à notre méga crossover, qu’on peut lire de manière indépendante sans tie in qui sont sont là uniquement pour le plaisir c’est bien connu, qui annule ce story arc, ces origines et en fait efface le personnage ?!!!, allons mon garçon un peu de sérieux !”
1 – Le relaunch de l’univers DC
Le pourquoi du comment : le marché des comics n’est pas au mieux de sa forme, alors que les adaptations au cinéma prospèrent, les aventures papiers elles périclitent. DC a donc décidé de sortir l’artillerie lourde : méga crossover de la mort qui tue, relaunch généralisé, le tout combiné à une offensive sur le marché du digital, puisque les nouveaux comics sortiront le même jour en papier et digital.
Si cette tentative de New DC Universe échoue, il ne restera plus qu’une stratégie à la Coca Cola, avec son New Coca, et le retour un an plus tard du Classic Coca Cola, pour sauver DC.
Il reste encore beaucoup de questions en suspens sur le contenu : quelle continuité ? qu’est ce qui change ? Si les titres qui marchaient, comme Batman ou Green Lantern, ne seront sans doute pas beaucoup affectés, on peut s’attendre à plus de bouleversements pour ceux à la dérive comme Superman, Wonder Woman et Justice League.
La question la plus importante : ce nouvel univers DC sera il le Heroes reborn de DC ou son Univers Ultimate ? La réponse dans quelques mois…
Comme toujours, un gros bravo, Sam pour cette analyse !!!
On en reparle donc en Octobre/Novembre une fois que tout sera sorti …
merci pour le compliment.
mais je crois qu’on a pas finit d’en parler, entre les futures annonces des futures équipes créatives, des nouveaux titres, et de leur contenu.
Et une fois que ce sera sortir je pourrai alors me plaindre comme le gros ronchon que je suis
OYL était bien sur une bonne idée,si Panini n ‘ avait pas déconné durant la publication qui aurait du être conjointe et non pas décalé , sa débat plein pot sur ce non relauch …
Je me dis que le reboot de DC est une aubaine pour gagner de nouveaux lecteurs sans forcement perdre les anciens fans.
Avec le succès des films de Nolan et la hype autour de GL,ils peuvent en effet maximiser la visibilité et l’intérêt de leur maison d’édition.
En plus,s’ils ont en projet de faire un film JLA,mieux vaut avoir un univers cohérent avec les héros pris séparément.Je suppose que le reboot sert aussi à ça.Seul bemol : les persos(surtout Superman) ont l’air vraiment trop jeune…