ONLPQDC #9 : Le Jour des Corneilles [film d’animation]

AfficheLe film d’animation français Le Jour des Corneilles réalisé par Jean-Christophe Dessaint est sorti en octobre 2012. Il est tiré du roman éponyme de Jean-François Beauchemin (qui, lui, n’est pas destiné au jeune public). Ne l’ayant découvert qu’aujourd’hui, et terriblement emballée, j’avais envie de vous en faire la promo. J’ai même commencé l’article avant la fin du visionnage mais sans en perdre une miette !

Le synopsis : Au cœur de la grande forêt, peuplée de bêtes sauvages et d’esprits à tête animale, vit un jeune sauvageon de dix ans, le Fils Courge. Il est élevé par son père, un sévère colosse à la barbe géante, grand chasseur et mangeur de chair fraîche, qui lui a toujours dit que le monde s’arrêtait à la lisière de la forêt. Un jour pourtant, pour sauver son père blessé, le garçon tente le tout pour le tout et s’aventure hors de la forêt. C’est ainsi qu’il découvre un village voisin, où il fait la rencontre de Manon, la fille du docteur qui a accepté de soigner son père. Avec Manon, le fils Courge apprendra tout de ce nouveau monde dit civilisé, où les fantômes n’existent pas mais les ogres oui. Car ici l’on raconte que le père Courge est un ogre… Et les ogres, c’est bien connu, ne sont pas des pères comme les autres…

Un film magnifique même si le dessin des personnages est regrettable selon moi, contrairement au traitement de la nature et des animaux qui est somptueux. La lumière et l’éclairage sont particulièrement remarquables. Dessiné entièrement à la main, ce film présente des scènes d’une beauté féerique.

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Féerique, voilà le mot. L’histoire est embellie par son côté enfantin, sa naïveté et l’irruption du merveilleux dans le réalisme de la vie.

02 Le jour des corneilles, c’est une histoire d’amour, celle d’un fils pour son père qui ne sait pas exprimer le sien. Traumatisé par la perte de sa femme, il s’est enfermé dans une vie de solitude et de haine, rejetant la société des hommes. Il tient plus de l’animal que de l’humain.

Le film commence par une scène très sombre représentant cet homme patibulaire fuyant on ne sait quel démon dans la forêt par une nuit d’orage, tenant dans ses bras un nouveau-né tout emmailloté. On suit ensuite l’enfance de ce garçon (appelé seulement “Fils”) qui, grandissant à l’ombre d’un père bourru au milieu de la nature sauvage, va découvrir le monde et s’initier aux sentiments. Un petit côté Mowgli, reprenant le mythe bien connu de l’enfant sauvage. Ainsi qu’une référence à l’Allégorie de la caverne de Platon.

03Après un accident et pour sauver son père, ce jeune garçon sans nom doit se résoudre à partir à la découverte de l’inconnu et rencontrer le monde dit civilisé. Pour cela, il doit s’affranchir du tabou de sortir de la forêt. Ce qui va être une source de peur mais aussi de joie pour lui, qui doit faire fi de tout ce que son père lui avait inculqué.

Une histoire fantastique et émouvante, qui nous rappellera à chacun notre enfance et son imaginaire.

Une histoire très maligne aussi qui se place dans le monde réel, froid et cru, traitant d’un enfant élevé sans mère et sans amour, laissant entr’apercevoir une tragédie familiale, avec en arrière-plan la guerre et ses soudards, la mesquinerie de certaines personnes ainsi que la difficulté à exprimer ses sentiments. C’est aussi un film qui parvient à traiter de la mort de manière fine et intelligente, sans apitoiements.

La nature est omniprésente, à travers des scènes somptueuses mais aussi les êtres-animaux de la forêt faisant partie du quotidien du garçon à la manière d’un Miyazaki. Elle est également évoquée au travers des corneilles, animal hautement symbolique.

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Traditionnellement considéré comme négatif, annonciateur de drames et porteur de malheurs, cet oiseau a une place importante dans le dénouement et nous offre une des scènes les plus fortes en émotions de ce film. En effet, l’enfant prend soin d’une corneille blessée et lui inculque deux mots, le chargeant d’une mission de la plus haute importance. Moment intense d’exultation pour ma part mais chuuut, je vous laisse le découvrir…

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C’est Lorant Deutsch qui prête sa voix à l’enfant, Jean Reno à celui du père (qui avait déjà doublé Porco Rosso) et Claude Chabrol qui interprète le médecin (décédé en 2010 après le doublage).

Projeté au festival d’Annecy en juin 2012, ce petit bijou a été salué par la critique et a reçu un excellent accueil du public et de la presse, je regrette de ne pas en avoir entendu parler auparavant et vous le conseille de toute mon âme d’enfant !

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A propos NightRunner 15 Articles
Liseuse de livres sans images fraîchement convertie aux comics, je vous propose des critiques de romans en rapport avec cet univers ainsi que des interviews d'artistes français. Suivez moi !

2 Comments

  1. Si tu veux un autre film d’animation avec des paysages somptueux et une histoire touchante. Je te conseillerai Les Enfants Loups réalisé par Mamoru Hosoda (Summer Wars). Les 20 premières minutes sont pas terrible, voir à chier, mais après ça, l’histoire prend une autre tournure et devient vraiment intéressante et touchante.

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